Les premiers à avoir fait défection habitent la région côtière de Banias, au nord-ouest, où, comme ils l'écrivent, plusieurs villages ont subi des tirs à balles réelles sans discrimination sur les gens, les maisons et même les mosquées. Les autres, les plus nombreux, sont de Deraa, au sud, le berceau de la contestation, la ville où le régime n'a pas hésité à déployer ses chars pour mater des manifestants pacifiques. Des manifestants tués ou torturés, mais aussi traités de « criminels armés » par le pouvoir.
C'est ce qui a poussé les démissionnaires à signer un texte commun dans lequel ils expliquent que les services de sécurité ont démoli leurs valeurs, celles du Baas révolutionnaire qui existait jusqu'à ce que le pouvoir alaouite le noyaute pour en faire l'assise politique de son appareil sécuritaire.
En 1973, sous al-Assad père, un article de la Constitution avait en effet consacré le Baas comme le parti dirigeant au sein de l'Etat et dans la société tout entière. Une organisation pyramidale destinée à sélectionner les élites au service du régime mais aussi à embrigader la population avec des syndicats de branches et des mouvements de jeunes ou de femmes. Aujourd'hui, avec ses démissions, la façade du bastion Baas se lézarde.
La répression se poursuit dans plusieurs villes de Syrie et notamment à Deraa, berceau de la contestation, comme l'a expliqué à RFI une militante des droits de l'homme basée à Damas.