La répression continue mais Damas fait quelques pas sur le chemin des réformes. L'état d'urgence était en vigueur en Syrie depuis 48 ans. L'abroger constitue donc une véritable concession, même si en parallèle, les autorités ont annoncé qu'elles allaient réglementer le droit de manifester, sans donner plus de précisions.
Un porte-parole du département d'Etat américain reste sceptique : « Cette nouvelle législation pourrait être aussi restrictive que l'état d'urgence qu'elle remplace ». Même écho chez les militants syriens des droits de l'homme qui minimisent la portée des mesures annoncées.
Le Parlement a été convoqué pour une séance extraordinaire le 2 mai prochain puisque les textes doivent encore être ratifiés pour entrer en vigueur. Le cabinet approuve par ailleurs l'abolition de la Haute cour de sûreté de l'Etat, une juridiction d'exception.
Zone de guerre
Toutefois, plusieurs signes montrent bien que les autorités n'ont pas l'intention de céder du terrains aux opposants. Quelques heures à peine après les annonces gouvernementales, Mahmoud Issa, figure de l'opposition, était arrêté chez lui en pleine nuit par les forces de sécurité.
Un peu plus tôt, à Homs, la police a tiré sur les manifestants, tuant six personnes. C'est dans cette ville industrielle d'un million et demi d'habitants que la tension monte depuis deux jours. Les protestataires ont appellé à une grève générale.
Selon des témoins sur place, Homs ressemble à une zone de guerre : les rues étaient vides hier, les magasins fermés, des tireurs d'élite seraient postés sur les toits et la police interdit l'accès à la place de l'Horloge, la principale place de la ville, point de ralliement des manifestants.
A Banias, la mobilisation reste forte. Le régime continue de crier au complot et assure que les troubles relèvent d'une insurrection armée. Il accuse les groupes islamistes de semer la terreur dans le pays et Washington d'être derrière les manifestations.