Avec notre correspondante à Sanaa, Charlotte Velut
Visage concentré, regard droit et déterminé ; Ali Abdullah Saleh contemple les milliers de supporters venus l’acclamer vendredi dans la capitale Sanaa. Brusquement le président yéménite quitte son fauteuil recouvert de velours rouge et s’avance vers un pupitre de bois, sans notes, sans hésitation.
« Nous sommes nés libres et nous sommes libres de décider. Les autres doivent nous respecter. Nous rejetons tout les complots contre la démocratie, la Constitution et la liberté », déclare le président.
Trois minutes pas une seconde de plus ; l’intervention du jour est brève, mais pas vide de sens puisque le chef de l’Etat vient de refuser l’offre de médiation des monarchies arabes du golfe Persique pourtant considérée par beaucoup comme le dernier espoir pour une résolution pacifique de la crise au Yémen.
D’après l’opposition yéménite, le plan du Conseil de coopération du Golfe offrait un départ dans la dignité à Ali Abdullah Saleh ; l'exemptant ainsi que ses proches de toutes poursuites judiciaires.
Mais cette garantie n’a pas suffi à convaincre le leader yéménite, celui-ci étant vraisemblablement irrité par l’exigence de son départ immédiat par les pays du golfe Persique. En fermant la porte à toute médiation extérieure, Saleh ne laisse plus que deux choix à ses opposants : un dialogue en interne ou l’affrontement.