Avec notre envoyée spéciale à la frontière Syrie-Jordanie, Angélique Férat
A quelques kilomètres de la Syrie, en Jordanie, des citoyens syriens se sont réfugiés dans les villes frontalières. Terrifié, cet habitant de Deraa, la ville où les manifestations ont commencé, raconte comment sa ville est désormais encerclée par l’armée.
Nous l`appellerons Mohamed. Il montre la vidéo de la dernière manifestation à Deraa à qui veut la voir. On entend des cris, et on voit un enfant de 14 ans qui gît sur le sol, la tête ensanglantée. Un tireur embusqué l’a touché. « Il manifestait avec des branches d'olivier, il ne faisait pas de mal », explique Mohamed.
« Dans chaque quartier de la ville de Deraa , raconte encore Mohamed, il y a 6 ou 7 martyrs. Il y a des tireurs d élite sur les toits. Ils apparaissent et ils tirent sur les gens. C’est que j’ai vu ; ce que j’ai filmé directement devant ma maison. Je suis sûr que ce sont des tireurs d'Iran et du Hezbollah. J’en suis sûr à 100%. »
Deraa est une ville sunnite qui a toujours soutenu le régime en place. Aujourd'hui, les rumeurs les plus folles viennent expliquer la dure répression. Quand Mohamed rentrera-t-il chez lui avec sa famille ? Il serre ses enfants contre lui et ne trouve pas tout de suite les mots. « Quand ça ira mieux. »
Voilà ce que cet homme, exilé depuis peu, aurait aimé entendre de Bachar el-Assad, le président syrien, dans son discours de mercredi : « Nous aurions aimé que le président fasse des réformes et qu’il vienne à Deraa et présente ses condoléances aux familles des martyrs ; des réformes pour le bien des gens. D’abord la loi sur l’état d’urgence et la réforme des agences de sécurité. »
Le président Bachar el-Assad s’est exprimé le 30 mars 2011 devant le Parlement syrien. Il a imputé les troubles qui se multiplient depuis la mi-mars dans son pays à des éléments étrangers. Il n’a rien dit au sujet de l’état d’urgence. Simplement, il a soutenu que les réformes sont en cours mais que leur rythme ne serait pas accéléré en raison des manifestations.