Avec notre correspondante à Bagdad, Fatma Kizilboga
Une fois encore, c’est à pied que les Bagdadis ont dû rejoindre la place Tahrir, en raison de l’interdiction de circuler décrétée la veille par les autorités. Une mesure dite de sécurité, dénoncée par les habitants n’y voyant qu’une volonté de contrer un rassemblement massif.
Ibrahim Mohammed a 60 ans. Rien ne l’empêcherait, dit-il, de venir exprimer son mécontentement : «La semaine dernière, nous étions venus en groupe de Adamiyah, mais on nous a interdit l’accès à la place Tahrir. Cette semaine, je suis malade, je fais de l’hypertension, mais j’ai pris mes médicaments et suis quand même venu. Et même s’il avait fallu aller jusqu’au port de Fao dans l’extrême sud du pays à pied, j’y serai allé ».
Depuis plusieurs jours, Nouri al-Maliki multiplie les annonces et vient d’accorder un délai
de 100 jours à ses ministres pour faire leur preuve. Mais Omar Ibrahim, instituteur, dit ne s’attendre à aucun miracle : «Huit années se sont écoulées, et rien n’a changé. A quoi peut-on s’attendre dans 100 jours ? La solution c’est que les dirigeants politiques changent leur façon de travailler, ou qu’ils démissionnent s’ils aiment vraiment leur pays. Ces gens-là n’ont rien fait pour le peuple irakien».
En moins d’une semaine quatre responsables politiques ont remis leurs démissions au Premier ministre, dont le maire de Bagdad accusé de corruption.