Le chef du Parti de Dieu, Hassan Nasrallah peut d'autant mieux s'afficher consensuel qu'avec Najib Mikati, il voit s'éloigner le spectre des accusations du Tribunal chargé de faire la lumière sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri. Hariri fils écarté, la rue sunnite n'a pas manqué de manifester sa hantise de voir le pouvoir échapper à son camp.
Le sunnite Najib Mikati aurait trahi les siens en se faisant porter dans le fauteuil de Premier ministre par le Hezbollah et par son parrain iranien, bref, les chiites auraient imposé leur choix. Bien évidemment, Najib Mikati s'en défend. Mais sa nomination est de fait l'expression de la montée en force politique du Hezbollah au Liban. Cela réjouit les chiites, la majorité démographique. Cela arrange aussi le voisin syrien qui a bien des raisons de continuer à redouter les accusations du Tribunal sur le Liban et à se méfier d'Hariri, malgré les assurances que ce dernier est allé donner en 2010 à Damas et à Téhéran.
Najib Mikati est un ami du président syrien. Il est même en affaires avec lui. De quoi faire grincer les dents de la diplomatie occidentale, Paris en tête qui espérait garder Hariri et s'attacher Damas pour faire contrepoids au Hezbollah.