Première tournée de Michèle Alliot-Marie au Proche-Orient

Israël, Gaza, l'Egypte et la Jordanie. Michèle Alliot-Marie effectue une tournée au Proche-Orient du 20 au 23 janvier. C’est sa première depuis sa nomination en novembre dernier. La ministre des Affaires étrangères se rend dans la région dans un contexte difficile pour elle, après ses déclarations très controversées sur la Tunisie.

Le « savoir-faire des forces de sécurité » françaises pour permette de régler « la situation sécuritaire » en Tunisie : c’est ce qu’avait proposé Michèle Alliot-Marie le 11 janvier, trois jours avant la chute du président Ben Ali et alors que le peuple tunisien se faisait réprimer dans la rue. Les propos de la ministre des Affaires étrangères ont déclenché un tollé en France, certains membres de l’opposition demandant même sa démission.

Comment Michèle Alliot-Marie sera-t-elle accueillie par la rue arabe alors qu'elle se rend samedi en Egypte puis en Jordanie, deux pays qui, justement, pourraient être gagnés par des envies de révolution à la tunisienne ? Les manifestations se multiplient au Caire comme à Amman, pour réclamer plus de démocratie et de meilleures conditions de vie.

Mais mercredi, avant de quitter de France pour le Proche-Orient, la ministre n'a fait aucune allusion aux aspirations des peuples égyptien et jordanien. Elle a insisté sur la liberté religieuse après les attentats contre la communauté chrétienne dans la région. « Si nous voulons éviter que ce XXIe siècle soit celui du conflit mondial entre les religions, nous devons réaffirmer la liberté religieuse (…).C’est aussi l’un des objectifs et l’un des thèmes de mon voyage au Proche-Orient », a déclaré Michèle Alliot-Marie lors de ses vœux à la presse française.

« La France n’exerce plus d’influence comme dans le passé »

La tournée de la ministre commence ce jeudi 20 janvier par Israël, alors que le processus de paix avec les Palestiniens est au point mort. Au programme, des entretiens avec le président Shimon Peres, la chef de l'opposition Tzipi Livni, le premier ministre Benyamin Netanyahu et le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman. La chef de la diplomatie française effectuera également deux visites symboliques, l’une à la famille du soldat franco-israélien Gilat Shalit, détenu à Gaza depuis 2006 et l’autre à Sderot, ville frontalière de la bande de Gaza régulièrement touchée par des tirs de roquettes en provenance du territoire palestinien.

Cela suffira-t-il à réchauffer les relations franco-israéliennes ? Freddy Eitan, ancien diplomate israélien aujourd'hui politologue, en doute. « Les relations entre Nicolas Sarkozy et Benyamin Netanyahu ont été refroidies, le projet ambitieux du président français de créer une entente politique et économique dans le bassin méditerranéen est mis dans un fond de tiroir ». Le politologue n’espère rien de la visite de Michèle Alliot-Marie pour relancer le processus de paix au Proche-Orient: « On le ressent aujourd’hui, au moment ou il y a une crise libanaise, la France n’exerce plus d’influence comme dans le passé ».

Fait notable de cette tournée, Michèle Alliot-Marie ira à Gaza vendredi. Ce sera la première fois qu'un chef de la diplomatie française s'y rendra depuis 2005. Bernard Kouchner, le prédécesseur de Michèle Alliot-Marie, n'avait pas pu y aller. En fait, Israël redonne des autorisations aux diplomates depuis l'été dernier. Au programme de cette visite : le centre culturel français, l'hôpital Al Qods, réhabilité par des fonds français et une rencontre avec du personnel de l’ONU.

Une visite à Gaza mais pas de contact avec le Hamas

En revanche aucun de contact n’est prévu avec le Hamas. « La position des autorités françaises concernant le Hamas n’a pas changé », selon le Quai d'Orsay. Autrement dit, pas de dialogue avec le mouvement islamiste au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza, ce que regrette Faouzi Barhoum, porte-parole du Hamas : « Nous avons invité [la ministre française] à rencontrer les dirigeants du Hamas (…) afin qu'elle se rende compte de la situation sur le terrain, qu'elle voit les résultats de la guerre à Gaza et les effets du blocus ».

Michèle Alliot-Marie ira donc à Gaza sans rencontrer le Hamas. Elle ne se rendra pas à Ramallah mais devrait toutefois s’entretenir avec le chef de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, samedi à Amman. Selon la représentante de l'Autorité palestinienne auprès de l'Union européenne Leila Shahid, la France a encore un rôle à jouer au Proche-Orient. « La France seule ne résoudra pas le problème israélo palestinien ni le problème israélo-arabe. Mais parmi les 27, la France joue un rôle très important parce qu’elle a une connaissance des dossiers depuis de nombreuses années ».

Leila Shahid souligne la volonté de l’Europe de s’impliquer dans le règlement du conflit israélo-palestinien au moment où, selon elle, « le président Obama s’avoue un peu dépassé par le refus catégorique du gouvernement israélien d’avancer sur la question de la colonisation ». La visite de la ministre des Affaires étrangères française intervient également deux semaines avant une réunion du Quartet (Etats-Unis, Russie, ONU et Union européenne). Elle aura lieu le 5 février à Munich en Allemagne et examinera les moyens de relancer les négociations israélo-palestiniennes.
 

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