Le Liban confronté à une nouvelle crise politique

« Une solution négociée » pour le Liban, c'est ce que la responsable de la diplomatie européenne appelle de ses vœux.Catherine Ashton a lancé cet appel le 13 janvier, au lendemain de la chute de la coalition gouvernementale. Les ministres du Hezbollah et leurs alliés ont choisi de faire défection alors que le chef du gouvernement libanais était reçu à la Maison Blanche. Ce jeudi à Paris, Saad Hariri doit rencontrer Nicolas Sarkozy. 

Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh

La menace planait depuis quelque temps. Elle avait été clairement énoncée. Le Hezbollah a finalement joint la parole aux actes au Liban. Ce qui a conduit à une démission massive, c’est le refus de Saad Hariri de désavouer le Tribunal spécial pour le Liban sur la mort de son père, Rafic Hariri, et l’examen du dossier des faux témoins en Conseil des ministres qui ont entraîné la démission de ces onze ministres chrétiens et chiites et, automatiquement, la chute de son gouvernement.

Ce développement retentissant est intervenu après des rencontres marathon à New York et Washington qui ont impliqué le roi Abdallah d'Arabie, les présidents Barack Obama et Nicolas Sarkozy, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton et Saad Hariri.

C’est d’ailleurs pendant un entretien avec le président américain à la Maison Blanche que Saad Hariri a appris la chute de son gouvernement.

Le veto de Washington

A Beyrouth, la presse et les politologues pensent que Washington a opposé son veto aux démarches syro-saoudiennes qui visaient à trouver un accord inter-libanais pour sortir le pays de la crise car il souhaite utiliser le tribunal comme carte de pression. Une carte dans son bras de fer avec l’Iran et la Syrie. Après la fin de la médiation syro-saoudienne, l’on s’interroge aujourd’hui sur la manière dont cette crise peut évoluer ?

Prochaine étape : les consultations parlementaires contraignantes pour le choix d’un nouveau Premier ministre. L’issue de ce processus est cependant incertaine car il n’y a plus de majorité bien soudée et solidaire au Parlement, surtout depuis que le leader druze, Walid Jumblatt, s’est rapproché de la Syrie.

Si Saad Hariri est reconduit, l’opposition lui rendra la tâche difficile. Il lui faudra des mois pour former un gouvernement, s’il réussit. Tout autre candidat désigné souffrira dès le départ d’un lourd handicap de légitimité puisqu’il n’aura obtenu que peu de voix sunnites car la majorité des députés de cette communauté font justement partie du groupe de Hariri.

En dépit de la gravité de la crise, le Liban est encore très loin d’une guerre civile car aucun des protagonistes ne souhaite recourir à la violence pour l’instant.

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