Dan Meridor : «Est-on prêts à mettre fin à ce conflit?»

Ministre israélien des Renseignements et vice-Premier ministre, Dan Meridor estime que son gouvernement est tout proche d’un accord avec les Etats-Unis permettant la reprise des discussions israélo-palestiniennes. Entretien.

Né en 1947 à l’époque du mandat britannique sur la Palestine, Dan Meridor est un membre du Likoud, le parti de droite du Premier ministre Benyamin Netanyahu. Il a occupé diverses fonctions ministérielles et il est aujourd’hui en charge des questions de Renseignements au sein du gouvernement de l’Etat hébreu. Il est l’un des 15 membres du cabinet de sécurité d’Israël.

RFI : Le gouvernement israélien va-t-il prochainement se prononcer sur un nouveau moratoire de la construction dans les colonies ? 

Dan Meridor : J’espère que oui. Nous sommes sur le point de parvenir à un accord avec les Américains pour relancer les négociations avec les Palestiniens. Avec un nouveau moratoire de 3 mois, unilatéral, pour que les Palestiniens reviennent à la table des négociations.

Mais la question la plus importante n’est pas « comment relancer la négociation ? » mais « qu’est-ce qu’on fait après ? ». Dire ce que moi je veux, c’est très simple. Dire à mon peuple ce que je suis prêt à donner à l’autre partie, c’est plus difficile. Nous sommes maintenant presque à la fin des négociations. Il faut prendre ces décisions difficiles. Est-on prêts à mettre fin à ce conflit ? J’espère que oui. Difficile pour nous d’oublier que Ehud Olmert (NDLR : le Premier ministre israélien ayant précédé Benyamin Netanyahu) a fait une offre très généreuse à Mahmoud Abbas. Et ce dernier n’a pas dit oui, n’a pas dit non. Il n’a pas répondu.
 
RFI : Cela dit, on n’en est pas encore à l’heure des choix difficiles dont vous parlez. Les Palestiniens veulent que Jerusalem-Est soit incluse dans le nouveau moratoire, ce qu’Israël refuse. Et le pouvoir israélien lui-même est divisé sur cette formule… 

Dan Meridor : Dans la vie politique israélienne, un gouvernement de coalition n’est pas fait d’une seule idéologie. Je pense qu’il y a une majorité très claire dans le peuple israélien – peut-être 60% - pour suivre la direction proposée par Benyamin Netanyahu. Dans la coalition c’est plus difficile mais je crois qu’il y a aussi une majorité, je l’espère. Même au sein de notre parti le Likoud il y a des différences : certains pensent qu’on ne doit pas prendre le risque. Moi, je pense qu’il faut prendre le risque. 

RFI : Etes-vous prêts à des concessions territoriales importantes ? 

Dan Meridor : La Judée-Samarie ou Cisjordanie est un territoire dont chaque camp pense qu’il est le sien. C’est pourquoi c’est un territoire très difficile à partager. Mais je pense qu’il n’y a pas d’autre solution, c’est le seul moyen de mettre fin à ce conflit. 

RFI : Seriez-vous prêt également à un partage de Jérusalem (dont les Palestiniens revendiquent la partie orientale pour en faire leur capitale) ?
 

Dan Meridor : Non. Jérusalem n’a jamais été la capitale d’un pays arabe. Jérusalem est une ville sainte pour toutes les religions monothéistes mais du point de vue national elle a été la capitale d’un seule peuple : le peuple juif. Nous sommes retournés à Jerusalem et je suis contre l’idée de donner Jérusalem aux autres. Même d’un point de vue pratique, comment peut-on diviser la Vieille Ville ? Avec deux souverainetés, cela ne marchera pas. On doit arriver à un accord sur la question des religions. Pour que tous les juifs, les chrétiens et les musulmans puissent y prier. On peut réfléchir à un régime spécial. Mais quelle sera la loi ? Je pense qu’il faut conserver la situation actuelle. Mais je sais que c’est difficile à accepter pour les Palestiniens.

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