Centre-ville de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie. Nous sommes dans une zone entièrement contrôlée par l’Autorité palestinienne. Comme beaucoup ici, Moannad exprime le plus grand scepticisme à propos de ces nouvelles discussions. Il a 33 ans, il tient un magasin de chaussures et précise que les affaires vont plutôt bien en ce moment, mais la paix au bout des négociations directes, il n’y croit plus. « Actuellement, il n’y a pas d’autre choix pour l’Autorité palestinienne que d’aller à la négociation, qu’elle soit fructueuse ou non. C’est à cause des pressions internationales que nous devons y aller. On ne nous a pas laissé le choix », explique le commerçant.
Beaucoup ici doutent de la bonne volonté du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Beaucoup déroulent la liste des pourparlers organisés depuis près de 20 ans et disent ne plus y croire. Et puis il y a aussi des Palestiniens qui doutent de leurs propres leaders. C’est le cas d’Abou Hassan, un vieux réfugié, qui vit depuis 1948 dans le camp de Balata, aux portes de Naplouse. « Israël n’a jamais respecté ses promesses et n’a jamais respecté la moindre date ou le moindre texte. Et nos négociateurs n’ont pas le pourvoir ni l’autorité pour discuter », assure le vieil homme qui assure qu’il n’y a pas d’autre résistance que par les armes.
Des porte-parole pour les colons
Changement de décor, nous sommes à présent dans une colonie juive de Cisjordanie, à Psagot, au nord de Jerusalem, dans la région de Binyamin selon l’appellation biblique employée par les quelque 50 000 colons israéliens qui y sont implantés. Ces jours-ci, dans la région, on forme des porte-parole, des hommes ou des femmes, qui devront diffuser les idées des colons à un moment clé puisque fin-Septembre Israël devra prolonger ou non le gel partiel de la construction décrété il y a 10 mois dans les colonies.
Tamar est l’une de ces porte-parole des colons. « On vit ici à côté des Arabes, explique la jeune femme. Et plutôt en bon voisinage. Si eux vivent normalement, alors nous voulons vivre normalement. Si on gèle la construction chez nous alors il faut geler la construction chez eux. Si eux peuvent continuer à construire, alors nous aussi nous devons avoir le droit de construire ».
La colonisation, c’est un dossier brûlant du processus de Paix. Et qui peut faire capoter les négociations puisque les Palestiniens disent qu’ils quitteront la table des discussions si Israël ne renouvelle pas le gel partiel de la construction dans les colonies.
De leur côté, les colons ont bien l’intention de se faire entendre de leur gouvernement. En témoigne ce slogan lu ces jours-ci sur les routes de Cisjordanie : « La poursuite du gel, c’est le début de l’évacuation… Bibi (Netanyahu) ne devient pas comme Sharon », disent ces affiches accrochées par les colons et qui font référence à Ariel Sharon qui fut l’un des ardents défenseurs de la colonisation avant d’ordonner le retrait de Gaza. C’était il y a tout juste 5 ans.