L’AIEA accuse l’Iran d’entraver son travail

Le dernier rapport confidentiel de l’AIEA sur l’Iran fait état d’un manque de coopération des autorités iraniennes avec l’Agence internationale de l’énergie atomique. De quoi renforcer le doute sur ses activités d’enrichissement qui pourraient être utilisées à usage militaire. Téhéran a empêché deux experts nucléaires d'entrer sur son territoire en juin dernier, les accusant d'avoir signalé à tort l'absence de certains équipements nucléaires.

« L’Iran n’a pas fourni la coopération nécessaire qui permet à l’Agence de confirmer que tout le matériel nucléaire en Iran est utilisé à des fins pacifiques ».

Manque de coopération

Le rapport confidentiel du directeur général de l’AIEA destiné au Conseil des gouverneurs de ses 151 Etats membres et au Conseil de sécurité de l’ONU accuse l’Iran d’entraver sa coopération avec les inspecteurs de l’Agence, et de continuer à enrichir de l’uranium, malgré les sanctions adoptées par le Conseil de sécurité, les dernières datant du 9 juin dernier, et ce, malgré les condamnations des pays occidentaux.

L’AIEA reproche à l’Iran de ne pas mettre en œuvre les résolutions du Conseil des gouverneurs et du Conseil de sécurité de l’ONU, et l’enjoint de ratifier le protocole additionnel du TNP (Traité de non-prolifération) que l’Iran a déjà signé, et qui permettrait les visites inopinées des inspecteurs de l’AIEA. De leur côté, les autorités iraniennes estiment que l’AIEA n’a jamais prouvé que les activités nucléaires de l’Iran étaient destinées à un usage militaire.

Le refus systématique des inspecteurs désignés par l’AIEA

L’AIEA regrette dans son rapport que l’Iran refuse systématiquement tous les inspecteurs proposés par l’Agence pour inspecter les installations nucléaires. Pour sa part, l’Iran affirme qu’il a le droit de choisir les experts de l’AIEA. De son côté, l’Agence internationale de l’énergie atomique nuance ces propos : « l’Iran a le droit de récuser la désignation des inspecteurs proposés par l’AIEA, mais il n’a pas le droit de les choisir ».

Ce que l’AIEA reproche à l’Iran, c’est bien ce refus permanent envers tous les inspecteurs que l’Agence désigne et qui sont notamment les plus expérimentés sur le terrain iranien. Récemment, Téhéran avait refusé l’accès à deux inspecteurs, connaisseurs du dossier et accusés d’avoir fourni des informations « erronées » sur des expériences nucléaires non déclarées auxquelles l’Iran aurait procédé.

Selon Georges Le Guelte, ancien secrétaire du Conseil des gouverneurs de l’AIEA, ces refus systématiques de la part de l’Iran constituent « un abus de droit », mais l’AIEA n’a pas d’autres moyens de s’imposer.

L’Iran continuerait d’enrichir de l’uranium

Selon ce dernier rapport, l’Iran n’aurait pas suspendu ses activités d’enrichissement, au contraire, elles les auraient intensifiées, notamment sur le site de Natanz. Ce centre pilote aurait produit, selon l’Iran, 22 kilos d’UF6 (hexafluorure d’uranium, utilisé dans l’étape d’enrichissement de l’uranium) entre le 9 février et le 20 août dernier.

Cet uranium enrichi à 20% (et non plus à 5% comme c’était le cas dans le passé) serait utilisé comme combustible pour alimenter, selon Téhéran, un réacteur de recherche à des fins médicales. Ce degré d’enrichissement de l’uranium inquiète le directeur de l’AIEA qui note dans son rapport que l’Iran l’a réalisé en dépit des sanctions adoptées par le Conseil de sécurité de l’ONU.

Les autorités iraniennes affirment de leur côté que toutes les activités nucléaires de l’Iran et en particulier l’enrichissement sont sous supervision de l’AIEA et que rien ne permet de prouver un détournement à des fins militaires.

Comme les précédents, ce dernier rapport de l’AIEA a été envoyé au Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi qu’au Conseil des gouverneurs représentant les 151 Etats membres de l’AIEA qui se réunissent le 13 septembre prochain pour une semaine. Le cas de l’Iran devrait être examiné mercredi 8 septembre 2010 et certains pays pourraient proposer de nouvelles résolutions, une semaine avant l’Assemblé générale des Nations unies à New York.

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