L’Irak dans l’attente de la formation d’un nouveau gouvernement

C’est ce 14 juin 2010 que le nouveau Parlement irakien commence officiellement ses travaux. Les 325 députés vont prêter serment. Une session inaugurale qui se tient à Bagdad dans un contexte sécuritaire et politique tendu. Trois mois après les élections, l’enjeu crucial de la journée reste la formation d’un nouveau gouvernement.

Avec notre envoyée spéciale à Erbil, Fatma Kizilboga

La question est dans tous les esprits : qui sera en charge de former le nouveau gouvernement irakien ? Car si les résultats des élections législatives du 7 mars donnent Iyad Allaoui favori, avec 91 sièges, la liste du Bloc irakien qu’il représente ne bénéficie pas des 163 nécessaires à désigner seul le prochain cabinet.

Une coalition avec d’autres groupes est donc indispensable. Mais là encore, la tâche n’est pas évidente, principalement en raison des liens supposés du Bloc irakien avec l’ancien régime baasiste, renversé et interdit en 2003 après l’intervention américaine.

Une situation que l’actuel Premier ministre Nouri al-Maliki tente de tirer à son avantage, en s’alliant, il y a trois jours à peine, avec l’autre plus grande formation chiite, proche de l’imam radical Moqtada Sadr. Une stratégie qui pourrait leur permettre de contourner la liste d’Iyad Allaoui. Mais une fois de plus, le chiffre atteint n’est pas suffisant.

Le grand arbitre de la course au gouvernement est donc une fois de plus la coalition kurde. Et tout porte à croire que le président kurde Talabani qui souhaite conserver son poste à la tête de l’Etat, optera pour la coalition la plus à même de le réélire.

Un danger véritable : la mise hors-jeu des sunnites

Le retour des sunnites dans le jeu politique était l’un des points marquants de ces élections législatives. Iyad Allaoui a prévenu à plusieurs reprises qu’ignorer ces voies en mettant les sunnites hors-jeu mènerait tout droit vers des affrontements intercommunautaires.

L’Irak connaît depuis plusieurs mois une nouvelle vague de violences, attisée en quelque sorte par cette crise politique. Le 13 juin, c’est la Banque centrale irakienne à Bagdad qui a été prise d’assaut. Et le bilan est une fois de plus lourd avec 15 morts et 45 blessés. Une situation d’autant plus alarmante qu' on est à quelques semaines de la fin du retrait des troupes de combat américaines, prévu fin août. 

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