De notre correspondant à Tokyo,
Tepco rejette déjà dans l’océan Pacifique de l’eau venant des rivières souterraines qui passent sous la centrale de Fukushima, avant que cette eau ne pénètre dans le sous-sol des bâtiments des réacteurs et se mélange à l’eau hautement radioactive issue du refroidissement des réacteurs.
Les pêcheurs de Fukushima acceptent que cette eau souterraine pompée en amont des bâtiments nucléaires, du côté de la montagne, soit, une fois contrôlée, rejetée dans la mer toute proche. Sa contamination en césium, 1 becquerel par litre, est très inferieure aux critères limités internationaux de 60 becquerels par litre.
Ralentir le rythme d’accumulation
La nouvelle étape consiste a pomper de l’eau souterraine déjà contaminée près des réacteurs. De l’assainir. Avant de la rejeter en mer pour désengorger le site nucléaire des quantités effarantes d’eau contaminée qui s’accumulent chaque jour. Il s’agit en fait de ralentir le rythme d’accumulation de l’eau contaminée sur le site. Selon Tepco, 400 tonnes provenant des rivières souterraines pénètrent chaque jour dans le sous-sol du site nucléaire.
Chaque jour aussi le refroidissement des réacteurs produit 400 tonnes d’eau hautement radioactive. Elle se mélange, dans les sous-sol des réacteurs, aux eaux souterraines. Un nouveau système de décontamination développé par Toshiba, plus puissant que l’actuel, appelé Alps, doit entrer en service à l’automne. Il permettra d’accélérer le traitement de l’eau contaminée, d’extraire l’essentiel des radionucléides que contient cette eau avant de la rejeter en mer.
Des capacités de stockage limitées
Pour le moment, Tepco ne rejette pas une partie de l’eau contaminée qu’il traite déjà. Il la stocke dans plus d’un millier de gigantesques réservoirs qui sont disséminés sur le site de Fukushima….
Plus de 470 000 tonnes d’eau contaminée sont déjà entreposées. Cette capacité doit être portée a 800 000 tonnes en 2015. Mais les capacités de stockage ne sont pas illimitées. Les réservoirs perdent de leur étanchéité après trois ans. L’activité sismique sur le site de Fukushima reste intense.
L’Agence international de l’énergie atomique estime donc, comme Tepco, que le rejet contrôlé dans le mer de l’eau contaminée sur le site, après nettoyage et concertation avec les autorités locales et les coopératives de pêcheurs, faciliterait les travaux de démantèlement de la centrale et résoudrait les problèmes de fuites d’eau contaminée.
Pour arrêter les infiltrations d’eaux souterraines dans les bâtiments nucléaires, Tepco propose de ceinturer complètement les bâtiments à l’aide d’un écran étanche par congélation des terrains. La construction d’un tel mur de glace jusqu’à une trentaine de mètres de profondeur est en cours. La congélation d’une partie du sol autour des réacteurs doit permettre d’intercepter les écoulements souterrains en aval de l’ensemble du site en 2015.
Mais un telle technologie de confinement par congélation des terrains nécessite des apports constants en énergie. Selon l’Institut français de radioprotection et de sureté nucléaire, un tel dispositif techniquement complexe est adapté à une période courte, le temps de vidanger les bâtiments nucléaires et de restaurer leur étanchéité.