Chine : cure d’austérité sur les voitures de fonction

La lutte contre la corruption et les privilèges des fonctionnaires prend une nouvelle dimension en Chine. Pékin annonce une cure d’austérité sur les voitures de fonction. La flotte des véhicules officiels doit être réduite d’ici à la fin de l'année prochaine. Le président et ses ministres pourront évidemment continuer à disposer d’une berline et d’un chauffeur. Mais tous les cadres en dessous du rang de ministre devront désormais emprunter les transports publics. C'est une petite révolution dans un pays où nombre de serviteurs de l'Etat profitent d’une limousine de fonction.

La limousine noire aux vitres teintées avec chauffeur au volant - c’est LE symbole de réussite en Chine pour le respectable cadre de la fonction publique. Mais symbole aussi du gaspillage auquel les autorités veulent donner un coup de frein. Le parc automobile d’Etat comporte un certain nombre de voitures. Les estimations vont de deux à six millions... La presse, très optimiste, calcule alors que les restrictions pour les véhicules de service pourraient permettre à l'Etat d'économiser jusqu’à 17 milliards d’euros.

On parle de « voitures de service », mais c’est un mot à prendre avec des pincettes, car il se trouve que ces véhicules ne roulent pas seulement pour rendre service à l’Etat. Les heureux bénéficiaires en profitent aussi pour leurs besoins personnels pour conduire leurs enfants à l’école ou bien passer les vacances en famille. Ces abus sont de notoriété publique - raison pour laquelle l’Etat veut y mettre fin.

Améliorer la mauvaise image des fonctionnaires

Ces fonctionnaires sont accusés régulièrement de corruption. C’est le mot « frugalité » qui domine la propagande chinoise ces derniers temps. Les autorités ordonnent la sobriété à tous les niveaux de l’Etat. Temps durs donc pour les cadres communistes, habitués aux banquets somptueux, aux voyages officiels dans des hôtels quatre étoiles, et justement à leurs berlines noires de marque Audi.

La presse officielle salue la suppression d’une partie du parc automobile, à l’instar de la Jeunesse de Pékin, qui la qualifie d’ « emblématique, tant les voitures de luxe sont devenue une plaie de la corruption dans la société chinoise ». Le Global Times est encore plus enthousiaste : « C’est un pas de plus qui comblera le fossé qui sépare la Chine du reste du monde », s’exclame le journal nationaliste, qui souligne que dans d’autres pays, il n’y a que les membres du gouvernement qui disposent d’une voiture de service.

Transports publics pour les serviteurs de l’Etat

Les hauts cadres, privés de voiture de fonction et de leurs chauffeurs, sont priés de goûter aux plaisirs des transports publics comme monsieur et madame tout-le-monde. Sauf que, et les premières critiques fusent déjà sur les réseaux sociaux, l’Etat leur accordera une récompense. Pour payer le bus ou bien le métro, les fonctionnaires sans voiture recevront entre 60 et 155 euros d’aide par mois, selon leur grade. Leurs chauffeurs, brusquement mis au chômage technique, n’ont à priori pas de souci à se faire. Ils devraient être affectés à d’autres missions au sein du service public.

Et les voitures ? Elles doivent être vendues aux enchères et l’argent ainsi récolté retournera aux caisses publiques, annonce le Global Times tout confiant. Mais le quotidien Jeunesse de Pékin prédit déjà une opération à haut risque, vu l’ampleur de la corruption en Chine. Le quotidien appelle donc à la vigilance collective pour prévenir les tentatives de contourner cette mesure.

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