Tolga Pamir, Turc d’origine, arrive en France il y a onze ans la tête pleine de rêves, et notamment celui de partir sur les mers en voilier. En quelques années, le Rochelais d’adoption gagne un premier défi, celui de faire la fameuse Solitaire Bompard Le Figaro. Mais sa grande équipée, il la vit maintenant : partager sa passion avec sa femme Stéphanie Jadaud sur la prestigieuse Transat AG2R La Mondiale. Stéphanie, elle, était commerciale dans une grande radio il y a encore un an. Un matin, à 42 ans, elle se rend compte qu’elle a besoin d’air, de s’accomplir, d’adrénaline. Initiée à la voile dès son enfance par son grand-père, elle envie les expériences maritimes de son mari. Elle lâche son métier et se lance dans l’aventure avec Tolga.
La mer, c’est notre vie
Pendant six mois, ce couple déjà hors normes s’est entraîné sans relâche physiquement et psychologiquement. Pendant vingt-trois jours, ils vont très peu dormir, manger des plats lyophilisés dans les quelques mètres carrés exigus de leur bateau, et naviguer sur une mer démontée ou totalement plate. « Bien sûr, ça ne va pas être facile, dit Stéphanie, c’est une première pour moi. Je suis nerveuse. Mais on se connaît par cœur et on se fait confiance ! Je suis le chef à la maison, Tolga est le chef dans le bateau, mais c’est ensemble qu’on vit cette grande aventure du mariage et de la course à la voile. » Le bateau, c’est leur vie, même si pour cela ils ont laissé à quai, gardé par les grands-parents, leur petit Doa, 4 ans.
Un engagement environnemental
C’est justement le petit Doa qui a déclenché l’envie d’ajouter un défi environnemental à leur équipée. Pas étonnant, puisque Doa veut dire « nature » en turc. En traversant 4 000 milles nautiques, Tolga Pamir et Stéphanie Jadaud s’engagent à planter un arbre pour chaque mille parcouru à l’autre bout du monde et cela par le biais d’un de leur partenaire : l’association 1 jour, 1 homme, 1 arbre. « Je me pose souvent la question sur l’héritage que nous allons laisser à nos enfants du fait de nos actions irréfléchies et néfastes pour l’environnement, explique Tolga. Je me devais de donner un sens à ma passion, car la mer ne triche pas et le skipper, sur l’océan, se doit de préserver cette nature qui lui offre tant ». Déjà en Turquie, alors publicitaire, il soutenait une association qui plantait des arbres, « parce que les arbres en savent plus que nous, ils vivent très vieux et nous nourrissent », poursuit le skipper.
En deux ans, nous voulons planter 10 000 arbres
Face à la réussite de l’association 1 jour, 1 homme, 1 arbre, qui a déjà planté plus de 100 000 arbres principalement en Indonésie, Tolga Pamir et Stéphanie Jadaud croient qu’ils peuvent aider à changer les choses. Depuis cinquante ans, le delta de Mahakam connaît une forte déforestation pour créer de grands bassins à poissons. « Aujourd’hui, ces bassins sont pollués, les poissons meurent, les pêcheurs perdent leur job, explique Stéphanie Jadaud. Il faut donc restaurer tout un écosystème en plantant des mangroves qui vont permettre une aquaculture durable et redonner une certaine indépendance aux locaux. C’est un enjeu important et on espère y contribuer le plus possible », conclut la skippeuse. Tolga ajoute : « Cette conscientisation de l’importance du respect de l’environnement passe évidemment par des sportifs, et qui plus est des marins comme nous, qui défendons bec et ongles "notre" mer ». Et pour remplir ce grand challenge écologique, pas besoin de gagner la Transat AG2R, mais d’atteindre la ligne d’arrivée !