L’agriculture et la pollution de l’air

Les activités agricoles constituent la principale utilisation des terres par les humains. En 1999, les pâturages et les cultures représentaient à eux seuls 37% de la surface émergée du globe. Plus des deux tiers de la consommation humaine d'eau sont destinés à l'agriculture. Fatalement, la culture et l'élevage ont un profond effet sur l'environnement au sens large. Ce n’est pas tout, car l'agriculture nuit également à son propre avenir par la dégradation des sols, la salinisation, le soutirage excessif d'eau et la réduction de la diversité génétique des cultures et du bétail.

Pour le cas plus spécifique de la pollution atmosphérique, l'agriculture est la principale source anthropique d'ammoniaque. Le bétail produit environ 40% des émissions de ce gaz dans le monde, les engrais minéraux 16% et la combustion de la biomasse et les résidus de culture environ 18%. De plus, on prévoit que les émissions d'ammoniaque dues à l'agriculture vont probablement continuer à s'intensifier dans les pays développés et en développement. Les projections concernant l'élevage laissent prévoir une augmentation de 60% des émissions d'ammoniaque provenant des excréments animaux. Au niveau mondial, l’affaire ne va pas s’arranger quand on sait que tous les pays cherchent à moderniser et à rentabiliser leur agriculture.

Si l’agriculture pollue, notamment l’atmosphère, cette pollution a en retour des effets néfastes sur la production agricole. Des polluants comme l’ozone ont la faculté de perturber la photosynthèse des plantes, ce qui se traduit par une perte de production de l’ordre de 5 à 10%. On parle même de menace sur la sécurité alimentaire.

Plus inquiétant, les inégalités en matière de sécurité alimentaire risquent de s'aggraver. Il semble que l'échauffement de la planète bénéficiera à l'agriculture des pays développés situés dans les zones tempérées, mais qu'il aura un effet négatif sur la production de nombreux pays en développement des zones tropicales et subtropicales. Le changement climatique pourrait donc renforcer la dépendance des pays en développement envers les importations et accentuer les différences existant entre le nord et le sud en matière de sécurité alimentaire. C’est bien connu, les plus pauvres sont les plus vulnérables en cas de choc.

Invités :
- Bertrand Bessagnet, responsable de l'Unité Modélisation atmosphérique et cartographie environnementale à l’INERIS
- Antoine Henrion, responsable du dossier Qualité de l’air à l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture
- Luc Janottin, responsable des dossiers environnement à la Chambre d’Agriculture d’Ile-de-France.

Production : Sayouba Traoré
Réalisation : Ewa Moszynski. 

 

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