« Sisters are doin’ it for themselves ». On ne se refait pas, impossible de ne pas avoir en tête cet hymne à l’émancipation féminine (les amateurs auront reconnu Eurythmics et Aretha Franklin cuvée 1985) en pénétrant dans le coquet château Chanorier de Croissy-sur-Seine (Yvelines) où se tient, en cet après-midi d’automne, le salon Femmepreneurs 2015, « Femmepreneurs » étant la contraction de « femmes » et d’ « entrepreneurs », perspicaces, vous aviez déjà deviné.
Cet événement rassemble, sur tout le rez-de-chaussée du château, une quarantaine de stands très divers (vêtements, livres éducatifs, artisanat, gastronomie, films biographiques, consulting, webmarketing, etc.) animés par des businesswomen extrêmement motivées de l’ouest parisien. Particularité : elles sont toutes anglophones. Créée en décembre 2013 à l’initiative de sept pionnières, l’Association Femmepreneurs aide les entrepreneures et futures créatrices d’entreprises basées à l’ouest de Paris à développer leur activité sur un territoire souvent tout nouveau pour elles.
De sept fondatrices au départ, l’association compte désormais plus de cent-trente membres, un nombre qui ne cesse de croître après un peu plus de deux ans d’existence. Si elles ont la langue anglaise comme point commun, mais pas forcément comme langue maternelle, toutes ces femmes viennent d’horizons multiples : vingt-six nationalités – et tous les continents – sont représentés.
Entraide et efficacité
« A Croissy-sur-Seine, siège de la British School of Paris, 15% de la population est anglophone », précise Joanne Kinhanan-Wall, une Irlandaise qui fait partie des sept fondatrices de Femmepreneurs. Pas très à l’aise dans la pratique du français mais encore moins résolue à rester femme au foyer, cette Irlandaise déterminée (elle commercialise des programmes linguistiques) a voulu faire fi de la barrière de la langue, la principale difficulté pour les nombreuses expatriées qui forment l’association.
« Le plus difficile en termes d’adaptation, confirme-telle, c’est la langue et les tracasseries administratives. Par exemple, je sais que j’ai une personnalité complètement différente quand je parle français. Et je n’arrive pas toujours à faire comprendre mon point de vue, ce qui est très frustrant ! ». Avec donc l’anglais comme lingua franca, les sociétaires de Femmepreneurs organisent tout au long de l’année différents événements, les deux mots d’ordre étant entraide et efficacité.
« Ça permet de rencontrer des gens, les autres femmes qui ont leur entreprise. Et puis trouver aussi des clients », précise Inge Van Dijk. Vice-présidente de l’association, cette Néerlandaise trilingue a déjà vécu au Laos, en Italie et aux îles Salomon avant de s’établir à Paris, ville où siège l’OCDE, l’employeur actuel de son mari analyste. « Moi, poursuit-elle, j’organise des ventes privées mais ce n’est pas évident pour la clientèle française de venir vers moi parce que les marques néerlandaises sont méconnues en France ».
Sous sa marque Pomme d’orange, Inge commercialise toute une gamme de produits néerlandais (vêtements, joaillerie, accessoires) – mais aussi des céramiques polonaises - et affirme très bien tirer son épingle du jeu, commercialement parlant. Il faut savoir que, une fois n’est pas coutume, l’administration française se montre assez accommodante pour ce type de micro-entreprise.
Ateliers et réseautage
« Le statut d’auto-entrepreneur est très simple en France, précise Christel Capéran, seule cofondatrice de l’association à être de nationalité française (mais elle a beaucoup vécu à l’étranger), ça peut se faire sur internet en une demi-heure, voire un peu plus longtemps quand on ne parle pas bien le français, poursuit cette spécialiste en webmarketing. Mais au bout du compte, c’est une procédure très rapide qui permet d’être à son compte et de pouvoir gagner de l’argent en toute légalité avec une comptabilité très simplifiée ».
Outre l’entraide et les conseils, les réunions Femmepreneurs sont également un excellent moyens de réseauter en direct pour remplir son carnet d’adresses et aussi pour se former grâce à des ateliers de mentorat (acquisition de compétences) ou de « pitch » avec des exercices comme « comment exposer son projet en 30 secondes dans un ascenseur ». Autre avantage, perceptible d’emblée pour qui qui découvre l’association : une atmosphère bienveillante et positive. « Les Françaises, dont je suis, qui font partie de l’association apprécient aussi Femmepreneurs à cause de ce côté multiculturel, poursuit Christel Capéran. Ça leur permet de pratiquer leur anglais mais aussi de trouver une certaine ouverture d’esprit qu’il n’y a pas ailleurs. Femmepreneurs, c’est un autre marché, une autre approche » conclut-elle.