La sécurité routière au Liban, un véritable défi

Avec 900 morts par an pour une population de 4,5 millions d'habitants, les routes du Liban sont parmi les plus dangereuses au monde. Pour tenter de stopper cette hémorragie, un nouveau code de la route a été mis en application.

Avec notre correspondant à Beyrouth,

La situation est grave à un point tel que le gouvernement a fait de la mise en œuvre de cette nouvelle loi une priorité, à un moment où le pays est confronté à des défis autrement plus dangereux, comme la menace terroriste ou le blocage de l'élection présidentielle. Mais 900 morts et 6 000 blessés par an, pour moins de 5 millions d'habitants, c'est beaucoup. A titre de comparaison, c'est quatre fois plus qu'en France à population égale. Sur les routes du Liban, 70% des jeunes de moins de 25 ans meurent accidentellement tous les ans. Le Liban trône dans le peu glorieux top 5 des pays du Moyen-Orient dont les routes sont les plus dangereuses.

Dans une enquête publiée début mai, le Financial Times britannique qualifie le réseau routier libanais de « véritable jungle ». Les accidents de la route ont tué huit fois plus de personnes que les 12 attentats suicides qui ont frappé le Liban, en 2014. On comprend, dès lors, qu'essayer de stopper cette hémorragie est considéré, dans le pays, comme une urgence nationale.

Associations et les ONG actives plus ou moins satisfaites

Les associations et les ONG actives dans le domaine de la sécurité routière ont favorablement accueilli le nouveau code de la route, puisque plusieurs d'entre elles ont contribué à l'élaboration de la nouvelle loi. Celle-ci s'inspire des textes en vigueur dans les pays les plus développés, et vient remplacer une législation datant de 1967, lorsqu'il y avait trois fois moins de véhicules au Liban. Mais cela ne les empêche pas de critiquer les lacunes et les insuffisances, qui retardent la mise en œuvre effective de plusieurs mesures stipulées par la loi. Ces associations pointent en particulier la vétusté du réseau routier, l'inexistence d'arrêts de bus et de taxi, ou de passages piétons, l'absence, souvent, de feux de signalisation, le manque d'expérience des agents préposés à la circulation. Les ONG réclament, aussi, l'introduction du permis de conduire à points, qui est prévu par la loi mais dont la mise en œuvre nécessite l'adoption de profondes réformes. Le commentaire d'un blogueur résume bien la situation : le gouvernement libanais a importé d'Europe une loi du XXIe siècle pour l'appliquer dans un pays doté d'infrastructures datant des années 50 du siècle dernier.

Il y a donc de vastes chantiers qui restent à entreprendre pour pouvoir mettre en application le nouveau code de la route. Mais certaines dispositions peuvent être appliquées immédiatement, comme l'interdiction du téléphone portable au volant, le port obligatoire de la ceinture, les normes de sécurité pour le transport des enfants ou encore la maintenance des véhicules. Pour le reste, le gouvernement devrait adopter une quarantaine de décrets, sans compter la réfection du réseau routier et sa mise à niveau. Tout cela nécessite beaucoup de temps et d'argent.

Le nouveau code de la route fait aussi des mécontents. Les gens se plaignent surtout des amendes, qui peuvent atteindre dans certains cas 4 000 dollars, soit six fois plus que le salaire minimum. Elles sont jugées exorbitantes.

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