Les Nations unies ont, d’ores et déjà, qualifié l’intervention saoudienne dans le conflit yéménite de destructrice et meurtrière. Selon l’ONU, les combats et les bombardements auraient provoqué la mort de plus de 600 personnes depuis le début de l’intervention, un chiffre qui serait largement sous-estimé en raison de la désorganisation du système de santé yéménite. Sur ce bilan, un grand nombre de victimes sont des civils, toujours selon l’ONU. Le conflit provoque des dégâts très lourds également en termes d’infrastructures : des quartiers entiers de Sanaa et d’Aden sont privés d’eau et d’électricité. Il y a, en outre, un très grand nombre de déplacés, avec le risque bien sûr d’une catastrophe humanitaire de très grande ampleur.
Un bilan des objectifs militaires en demi-teinte
Le bilan militaire de l’intervention saoudienne est très difficile à évaluer. Seule certitude, la coalition emmenée par les Saoudiens s’est assurée la maîtrise des airs et des accès maritimes. Elle affirme en outre avoir anéanti la défense anti-aérienne de la rébellion, ce qui lui permet donc a priori de pouvoir frapper où bon lui semble sur tout le territoire yéménite. En termes de territoires, la situation est beaucoup plus confuse. L’intervention saoudienne a vraisemblablement empêché la prise d’Aden par la rébellion, mais celle-ci continue de se battre autour de la ville et dans certains quartiers.En outre, les rebelles houthis ont conquis de nouvelles positions dans l’ouest du Yémen, en s’emparant de la ville d’Atak, la semaine dernière.
Les Houthis et leurs alliés maintiennent, par ailleurs, un contrôle très ferme des régions qu’ils ont précédemment conquises, principalement dans le nord du pays et à Sanaa. En résumé, les Saoudiens ont empêché le pays de totalement tomber aux mains de la rébellion, mais ils sont loin de l’avoir anéantie. Et comme souvent dans ce cas de figure, la grande question à présent est celle de l’intervention au sol. La coalition se « contente » de bombarder les positions rebelles. Pour parvenir à ses fins, il lui faudra peut-être engager des troupes sur le terrain. L’Arabie saoudite a mobilisé 150 000 hommes à la frontière, mais pour l’instant elle reste évasive sur une intervention terrestre qui serait très dangereuse.
Solutions diplomatiques dans l’impasse
Plus de trois semaines après le début des bombardements saoudiens, aucune solution diplomatique sérieuse ne semble se dessiner. D’un côté, l’Iran demande l’arrêt des bombardements et soutient la formation d’un nouveau gouvernement, ce que l’Arabie saoudite refuse, car elle affirme vouloir rétablir à son poste le président yéménite en exil, Abd Rabo Mansour Hadi. Ryad bénéficie, pour l’instant, du soutien politique des Etats-Unis et de plusieurs pays occidentaux comme la France. Quant aux Nations Unies, son secrétaire généralBan Ki-moon a lancé un appel à une reprise du processus de paix, et à un arrêt de toutes les opérations militaires. Mais pour l’heure, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est contenté, le 14 avril, de voter un embargo sur les livraisons d’armes qui a peu de chances d’être respecté… et qui, sur le fond, ne change pas grand-chose, le Yémen étant un pays déjà surarmé : 40 millions d’armes en circulation… pour 24 millions d’habitants.