Lors d’une matinée organisée dans les locaux du Medef par le HubInstitute, on s’est offert un moment de réunion-bilan (débriefing) en compagnie de quelques penseurs ou dirigeants passionnés par les nouvelles technologies. Chacun dans son domaine a apporté sa pierre à l’édifice technologique du futur.
« La mobilité concerne tous les genres de requêtes », a insisté Nick Leeder, responsable de Google France. Et dorénavant, « Si vous n’avez pas de site mobile, c’est comme si vous fermiez votre site trois jours par semaine. » On l’a constaté dans les allées du CES, toutes les innovations sont axées vers plus de mobilité.
« L’intelligence artificielle va bientôt poser des problèmes aux sachants »
Pour Jean-Michel Billaut, pionnier de l’internet, « l’intelligence artificielle va bientôt poser des problèmes aux sachants. » Il augure : « Vers 2030, il sera interdit aux sachants de conduire une voiture, par exemple. » Les voitures sauront mieux que nous. Mais aussi quel sera l'avenir « des sachants connaissant plusieurs langues (tout sera prochainement traduit), des sachants de la médecine curative (la médecine change), des sachants du droit ? Est-ce un danger pour l’humanité ? », s’inquiète-t-il.
Il rejoint là les préoccupations d’un Elon Musk qui s’en inquiète tout comme Stephen Hawkins. Au CES pourtant, malgré les avertissements, on avait très envie en effet parfois de se reposer entièrement dans les bras d’une intelligence artificielle, comme dans le film Her. Les objets connectés, nos amis trop attentionnés ?
« C’est souvent juste un problème de storytelling »
De l’individu à la ville connectée, il n’y a qu’un pas franchi par Mathieu Lefevre de New Cities Foundation. Il le dit avec le sourire : « Le Paris historique tout comme le Grand Paris, pour devenir ville de l’innovation, c’est souvent juste un problème de storytelling. » On l’a noté au CES et on le constate tous les jours, le storytelling, l’art de raconter une histoire autour d’une marque, d’un produit, est un atout majeur aux États-Unis ou ailleurs. D’ailleurs, si on écoutait les vendeurs, bateleurs, dans les allées du CES, on pourrait presque croire que la société Starbuck a inventé le café (!?!)… Vegas s’offre le rêve durant la semaine du CES d’être une smart city, mais c’est tous les jours que les villes veulent bénéficier de la manne économique et des prouesses des nouvelles technologies.
« On passe par le déni, la colère et l’abattement... »
Emmanuel Durand, vice-président marketing chez Warner Bros, nous a offert une réflexion sur la chronologie des médias. « Est ce que ça change avec les nouvelles technologies ? » Selon lui, forcément, car « le métier de base d’un créateur de contenus, c’est être créateur de lien social. » Sa réponse face au changement et à la transformation numérique ? « On passe par le déni, la colère et l’abattement. Puis vient la résilience et, ensuite, on n’est plus la victime. » Joli credo. On pourrait inclure dans sa réflexion le partenariat, conclu au CES, entre Havas Médias et Universal. Car c’est à Las Vegas que Yannick Bolloré, PDG de l’agence de communication Havas, et Lucian Grainge, PDG d’Universal Music Group, l’une des principales filiales de Vivendi, ont scellé la création d’une « alliance globale » pour exploiter et monétiser les « données comportementales » des fans de musique. On est en plein dans le big data. Maintenant, les experts d’Havas vont pouvoir « agréger, analyser et activer les milliards de données qu’Universal Music Group et ses artistes génèrent au travers de la vente de leur musique, de la vente de billets et des produits dérivés, du streaming, des médias sociaux, des écoutes radio », ont expliqué les deux groupes dans un communiqué commun publié le 5 janvier.
C’est Nathalie Rastoin Ogilvy qui nous apporte presque une conclusion en soulignant : « Derrière la technologie, les vrais enjeux sont sociologiques. » Et c’est vaste ! Qui sommes-nous face aux nouvelles technologies ? Et que devenons-nous ? Belles questions...
L’inventaire fou des nouveautés des mois à venir
Olivier Ezratty, un consultant qui couvre le CES depuis des années (il en est à son dixième rapport), a clos les débats en forme de catalogue. Car le CES, c’est un peu l’inventaire fou des nouveautés des mois à venir. C’est consultable ici.
On retient ce qu’Olivier Ezratty appelle « l’innovation par intégration. Le Mashup des objets. » C’est-à-dire que les objets connectés maintenant se fusionnent pour ne faire qu’un. Et aussi ce qu’il nomme « la nestification des parents », avec Google et son thermomètre Nest qui fait détecteur de fumée, détecteur de présence, analyste de consommation… Bref, une nounou à l’intelligence artificielle que tout le monde souhaiterait ou pas, c’est selon son degré de goût pour le partage des données.
En vrac encore : on a vu de l’internet des objets, partout ! Des drones, en force. De la réalité virtuelle qui, maintenant, commence à s’installer. Des fabricants chinois en force de proposition (on attend Xiaomi). La France, une nation à la bonne place. L’impression 3D solide mais pas convaincante encore. Du son en haute définition et de l’image miniaturisation. Un marché de la mode et du design qui louche vers cette clientèle avide de nouveauté.