Facebook: cause de divorce, de mélo ou de méli-mélo?

Auparavant, lors d’un divorce, on pouvait envisager de faire exécuter un constat d’adultère par un huissier pour prouver l’infidélité de l’autre. Maintenant, à l’heure des relations 2.0, un avocat plaidera le poke abusif, le dialogue un brin lourdingue lors d’un chat ou le SMS trop libidineux. Bienvenue dans l’univers désinhibant, voire piégeant, des réseaux sociaux…

Les statistiques sont édifiantes : en Grande-Bretagne, le mot Facebook est revenu dans 33% des procédures de divorce. Plus surprenant : un juge américain a officiellement intégré le réseau social à une procédure de divorce en obligeant les époux à échanger leurs mots de passe pour que chacun puisse fouiller le compte de l’autre. Encore plus déconcertant : en Inde, une jeune mariée a demandé le divorce car son mari avait oublié d’actualiser sa situation amoureuse sur son compte Facebook. Le réseau social sèmerait la zizanie dans les ménages, mais pourquoi ? Ou comment passer du statut de « mariée » à « c’est compliqué » en un clic…

Les réseaux sociaux rendent impulsif et ont un pouvoir très désinhibant

On constate en premier lieu que Facebook, comme Twitter ou les réseaux sociaux en général, rendent leurs utilisateurs impulsifs et exercent sur eux un pouvoir très désinhibant. A la question posée par le journal Libération : Est-ce que Twitter annihile tout surmoi ? Le docteur en psychologie, Yann Leroux, répondait : « Les écrans, en général, ont un effet désinhibant. Quand vous écrivez dans la boîte de dialogue, dans un premier temps, c’est comme si vous le disiez à vous-même, comme si c’était dans votre tête. L’espace entre ce que vous pensez dans votre for intérieur et ce que vous dites aux autres est très amoindri. Souvent, une fois le tweet parti, on est surpris par l’ampleur des réactions ! » Il parlait en l’espèce du tweet de Valérie Trierweiler qui, depuis, semble regretter ces 140 signes qui ont fait couler beaucoup d'encre. Et ce comportement est récurrent sur les réseaux sociaux.

Sur Facebook, une offensive de charme diabolique avec Didido


Puis se dégage l’idée que ces réseaux créent du lien certes, mais aussi encouragent au « plus si affinités ». Le site Copains d’Avant permettait ainsi de retrouver ses anciens camarades d’école, voire de vieilles amourettes. Le côté mélo rivalisait avec des sites plus intrusifs et offensifs à la Meetic… Mais dernièrement, c’est sur Facebook qu’on a relevé une offensive de charme diabolique.

Avec Didido, Quentin, 22 ans s’amuse de dire qu’il peut garantir l’absence de râteau. Car Didido, c’est un questionnaire pousse au crime aux allures de théorie des jeux à partager sur son profil Facebook (l’abréviation de ditch, dine ou do : larguer, dîner ou coucher ensemble). Bienvenue au méli-mélo 2.0, la version Tournez Manège moderne… On ne s’étonne plus de voir que Facebook est mentionné dans les cas de divorce.

«On peut faire une copie d’écran de Facebook pour démontrer une relation adultérine»

Karine Mignon Louvet, avocat au barreau de Paris et spécialiste du divorce nous explique comment Facebook est même devenu un nouvel argument dans les procédures de divorce : « De plus en plus maintenant - et c’est jurisprudentiel - on peut utiliser des mails. Et de la même manière, on peut faire aussi une copie d’écran de Facebook ou d’autres réseaux sociaux pour démontrer une relation adultérine ou d’autres choses… » Avec des limites également dans la logique d’utilisation par les avocats : « C’est quand même très dangereux car vous fixez des mots, des bouts de phrase, un instant T dans un certain contexte, mais quand vous le produisez en justice, ce n’est plus le même contexte et on peut l’interpréter. Ce sont alors aux avocats de jouer leur rôle dans l’argumentaire et le contre-argumentaire pour expliquer que c’est sorti du contexte… » On ne peut s’empêcher de remarquer que si l’amour rend aveugle (ou est un trouble neurologique), les réseaux sociaux, eux, éblouissent et égarent un peu…

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