Ceux qui appartiennent au milliard d'humains les plus pauvres ont 30 ans de moins d'espérance de vie que le milliard d'humains le plus riche. Quatre-vingt pour cent de la population mondiale vit sans protection sociale, c'est-à-dire sans accès à la santé, au travail, à l'école, sans revenus pour les personnes âgées, les malades ou les handicapés.
Le G20 de Séoul, en novembre 2010, décidait d'inclure le socle de protection sociale universel dans ses priorités. Un groupe de travail était confié à Michelle Bachelet, l'ancienne présidente de la République du Chili. Mais peut-on vraiment exiger le même développement social aux Etats-Unis, en Europe, en Afrique ou en Asie ? La réponse est beaucoup plus nuancée si l'on en croit Martin Hirsch, ancien Haut commissaire aux solidarités actives et membre de la commission Bachelet.
Pour lui, le développement de la protection sociale n’est pas proportionnel à la richesse d’un pays. Certains pays africains disposent d’une assurance maladie, d’autres non. Par ailleurs il est possible d’assurer une protection sociale de base en dépensant de 5 à 7% de la richesse nationale d’un pays. Aux Etats-Unis, les Américains dépensent 7 000 dollars par an pour leur santé. On peut commencer à parler d’assurance maladie avec 50 ou 70 dollars par personne et par an.
Dépense autofinancée
En période de crise économique est-il bien raisonnable d'inciter les gouvernements à améliorer la protection sociale alors que partout, l'austérité est le maître-mot ? Oui, affirme Christian Jacquier, du département de la sécurité sociale au Bureau international du travail, car il faut cesser de considérer la protection sociale comme un coût : c’est un investissement. Il permet d’avoir une population en meilleure santé, plus active, plus productive. Au bout d’un certain temps, la dépense sociale est largement autofinancée par le développement de la production. C’est aussi un amortisseur en cas de crise économique : les pays qui disposent d’une bonne protection sociale ont mieux résisté à la crise financière et ont redémarré plus vite après.
Partout, des progrès restent à faire
La crise a creusé les inégalités et aggravé les maux des plus vulnérables. Et en France où on se targue de bénéficier de l'un des meilleurs systèmes de protection sociale au monde, beaucoup reste à faire. Caroline Ferreira, membre de la commission exécutive de la CGT met en avant le problème du logement devenu crucial dans l’Hexagone.
Le socle de protection sociale universel est une idée qui fait son chemin et pour la faire progresser encore, les ministres du G20 ont commencé, ce lundi, par une réunion de consultation avec les organisations syndicales et patronales internationales.