L'entretien a débuté sur l'état d'esprit du président français. Et François Hollande se veut clair et sûr de lui : « Je n’ai pas tardé à prendre pleinement les responsabilités de mon pays. Il n'y avait pas de stress. Je m’étais préparé depuis des mois. Je ne suis pas un président en transition. Je suis un président en action ».
Les grands dossiers internationaux ont très vite été abordés. Les relations du nouveau chef d'Etat avec les grandes puissances du monde ont été mises à l'épreuve concernant la Syrie, l'Afghanistan et la crise de la zone euro.
Une intervention militaire en Syrie, oui mais avec l'ONU
François Hollande estime qu'une intervention armée en Syrie n'est pas exclue. Mais la décision doit se prendre au sein du Conseil de sécurité de l'ONU : « les sanctions doivent être renforcées. J’en parlerai avec Vladimir Poutine qui vient vendredi à Paris. Nous devons le convaincre ». Il a aussi confirmé la tenue de la conférence des « amis de la Syrie » dans les semaines à venir. Plus tôt dans la journée, François Hollande était l'un des premiers chefs d'Etat occidentaux à annoncer l'expulsion du représentant syrien du territoire national.
Retrait des troupes françaises d'Afghanistan
Pour François Hollande, le retrait des soldats français est désormais acté. Il affirme que ses partenaires ont accepté sa décision et que la collaboration est complète : « l’Otan prépare la transition. J’ai anticipé. Comme je suis le président d’un grand pays, la décision a été respectée. Mais aussi car je l’avais préparé. Nos alliés ont compris, partagé et suivi. Nous avons pu anticiper la transition en Afghanistan ».
Le président français a été clair sur la question. « Il n'y aura plus de troupes françaises combattantes d'ici à la fin de l'année en Afghanistan. C'était une promesse et j'ai voulu le faire rapidement. » Lors de son voyage la semaine dernière en Afghanistan, il l'a d'ailleurs expliqué aux soldats. Près de 2 000 militaires vont rentrer en France. Une partie des troupes restera sur place pour assurer le rapatriement du matériel, la formation des soldats afghans et le maintien de certaines infrastructures comme les hôpitaux.
Le relance économique pour la zone euro
Le président français s’est félicité des échanges autour de la question de la croissance lors du G8. Même si celle-ci a été revue à la baisse en France, François Hollande « ne baissera pas les bras. Je ne serai pas dans le fatalisme. La croissance, c’est un objectif pour moi. »
Le chef de l’Etat français est confiant quant à sa capacité à tenir ses promesses. Le cap est mis vers la réduction des déficits et il le dit : « Ce que j’ai promis, je le tiendrai ». Tout a été anticipé dans ce sens d’après François Hollande. Mais il prévient, « il faudra faire un effort. » Des décisions seront prises dans ce sens cet été, sans plus de précisions. Aux Grecs, il transmet son respect et leur demande de voter avec le sens des responsabilités, le 17 juin prochain pour leurs élections législatives. « Je souhaite que les Grecs fassent le choix de l’Europe. »
Les relations du nouveau couple Hollande-Merkel
Pour François Hollande, le couple franco-allemand ne doit pas être l’unique moteur de l’Europe. Les deux pays doivent néanmoins collaborer ensemble pour pousser l'Union européenne vers le haut : « Il y a une nécessité d’amitié pour entraîner avec nous les autres. Nous avons besoin des autres. Je veux trouver un bon équilibre avec notre partenaire allemand. » Il explique ainsi que le dialogue est loin d’être fermé. « Angela Merkel est hostile aux euro-bonds mais elle ne dit pas "jamais". Ça peut ouvrir un certain nombre de compromis. »
Si la majorité de l’entretien a été consacré aux questions internationales, certains sujets de politique intérieure ont été abordés telles les élections législatives du mois prochain, la revalorisation du SMIC ou la rencontre des syndicats avec le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault.
Le point avec les organisations syndicales
Le président français a tenu à saluer le travail de son Premier ministre et a assuré qu’il organisera une conférence sociale d’ici au 14 juillet pour répondre aux demandes des syndicats. Mais d’ores et déjà, il affirme qu’une revalorisation du SMIC est envisagée sans pour autant annoncer un chiffre : « oui, il y aura un coup de pouce. Il devra rattraper ce qui n’a pas été donné l’an dernier. Mais il ne faut pas que cela impacte les entreprises. » Le montant sera décidé en concertation avec tous les acteurs économiques. La réforme des « retraites, c’est une injustice, elle sera réparée », a-t-il tenu à ajouter.
Les enjeux des élections législatives
« Je ne m’impliquerai pas dans la campagne, non. Je ne suis pas le chef de la majorité (...), ni celui du Parti socialiste (...). Je suis le chef de l’Etat. » De manière directe, le président français ne veut donc pas s'immiscer dans les législatives. Mais François Hollande a souligné l’importance du vote des Français le mois prochain. Il a bien entendu rappelé la nécessité de renforcer la majorité : « Je ne tiendrai mes engagements que si j’ai la majorité. S’ils (les Français) m’ont choisi, je pense qu’ils auront à cœur d’accorder une majorité large, solide, au président de la République. »