Tristane Banon et Dominique Strauss-Kahn sont arrivés en début de matinée, à une demi-heure de décalage, dans les bureaux parisiens de la brigade de répression de la délinquance à la personne. Cette confrontation directe très attendue devrait permettre aux policiers de comparer les versions opposées des deux protagonistes d'une histoire qui remonte à 2003.
Au mois de juillet, alors que les doutes commencent à se profiler concernant la crédibilité de Nafissatou Diallo accusant Dominique Strauss-Kahn de viol, Tristane Banon, journaliste et écrivain de 32 ans, décide de porter plainte pour tentative de viol. A l'époque des faits, son entourage, dont sa mère Anne Mansouret, une élue PS alors proche de Strauss-Kahn, l'avait dissuadée de déposer plainte contre un homme déjà puissant et célèbre.
Une « bagarre » pour elle, « imaginaire » selon lui
Dans la version que la jeune femme de 32 ans a rapporté dans la presse à plusieurs reprises, Dominique Strauss-Kahn a accepté de recevoir la journaliste pour une interview, et lui a donné rendez-vous dans un appartement parisien, un soir de février 2003.
Une fois entrée dans la pièce, l'ancien ténor du PS a tenté de l'embrasser. « Quand j'ai voulu m'en aller, il m'a attrapé la main puis le bras, je lui ai demandé de me lâcher, et c'est de là qu'est partie la bagarre. Il m'a tiré vers lui, on est tombés par terre et on s'est battus », confiait-elle à l'Express en juillet. La jeune femme évoquait aussi « les détails sordides, de ses doigts dans ma bouche, de ses mains dans ma culotte après avoir fait sauter le jean et le soutien-gorge sous mon col roulé ».
De son côté, Dominique Strauss-Kahn qualifie ces allégations d' « imaginaires ». « Il n'y avait eu aucun acte d'agression, aucune violence », avait-il affirmé sur TF1 le 18 septembre. Tout au plus avait-t-il admis aux enquêteurs, une semaine auparavant, avoir tenté d'embrasser la jeune femme, pensant qu'elle était consentante. Selon lui, celle-ci aurait refusé ses avances et serait repartie, naturellement.
Poursuivre au civil
Tout comme l'affaire new-yorkaise, les faits dénoncés se sont déroulés sans témoin oculaire. En outre, huit années se sont écoulées depuis. Si le parquet estime qu'il s'agit davantage d'une agression sexuelle plutôt que d'une tentative de viol, il y a alors prescription.
Si tel est le cas, l'affaire est classée. Mais Tristane Banon a d'ores et déjà annoncé qu'elle n'abandonnerait pas son combat et qu'elle porterait plainte au civil. Ce qui entraînerait, automatiquement, l'ouverture d'une instruction.