Jean-Paul Delevoye, Haut-commissaire aux retraites récemment entré au gouvernement, s’est prêté ce samedi à un exercice difficile à la Fête de l'Humanité : venir défendre la réforme des retraites devant un public quelque peu hostile que les modérateurs du débat ont dû rappeler à l’ordre à plusieurs reprises.
Le Haut-commissaire aux retraites a rappelé la philosophie de la réforme proposée par le gouvernement. « Nos concitoyens jugent le système actuel injuste et illisible, nous travaillons à l’améliorer et à mettre en œuvre un système universel de retraite dans lequel la retraite sera le reflet du travail, et dans lequel à carrière identique - cotisation identique aboutirait à une retraite identique. »
Un nouveau système par points serait instauré. Un point dont la valeur sera définie en concertation avec les partenaires sociaux, assure Jean-Paul Delevoye. Mais Philippe Martinez n'y croit pas. « Ça ne tiendra pas, assure le leader de la CGT, parce que sur injonction de marchés financiers, de politiques d’austérité, la valeur du point baissera. C’est un mensonge ! »
Plusieurs mobilisations annoncées
A la fin du débat, le patron de la CGT rappelle le rendez-vous du 24 septembre prochain : le syndicat appelle à manifester contre le projet de réforme. Le syndicat FO a lui appelé à manifester le 21 septembre prochain.
Après le coup de semonce lancé vendredi par les syndicats de la RAPT, la Régie des transports parisiens, qui a en grande partie bloqué le réseau, plusieurs mobilisations sont annoncées : organisations de santé, enseignants, avocats, syndicats de personnel des compagnies aériennes…
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Beaucoup s’inquiètent de la perspective d’une hausse des cotisations induites par la philosophie du nouveau régime qui se déclare « universel » : la mise en cause des régimes spéciaux qui existent dans de nombreuses professions pourrait entraîner des baisses importantes de revenus. Selon le syndicat FO, la remise en cause du régime spécial à la RATP, « aurait pour conséquence une baisse de 30%" des pensions ».
Un calendrier déjà calé
La concertation avec les centrales syndicales et patronales, débutée il y a près de deux ans, va reprendre jusqu'à la fin de l'année pour tenter de trouver enfin un accord sur l'âge de départ ou la durée de cotisation. Jean-Paul Delevoye enchaîne les rendez-vous jusqu'à la fin du mois et des « consultations citoyennes » sont également annoncées via des réunions publiques et une plateforme numérique. C'est le président Macron donnera le coup d'envoi fin septembre.
Le projet de loi qui naîtra de ces consultations sera « connu avant les municipales » de mars selon M. Delevoye. Le vote du texte devrait lui intervenir avant l'été 2020 a promis le Premier ministre Edouard Philippe.