Les salariés d'Ascoval en sont persuadés : British Steel est un bon repreneur. « Un connaisseur de l'acier avec un projet cohérent, un gros groupe structuré qui doit reprendre l'intégralité des salariés », confiait avant l’annonce le syndicat CGT.
Le plan de reprise prévoit notamment la reprise de l'ensemble des 270 salariés que compte encore Ascoval « avec l'ensemble de leurs droits acquis », ont indiqué dans un communiqué conjoint Ascoval et British Steel.
Avec le rachat d'Ascoval, British Steel confirme son statut de nouveau poids lourd européen de la métallurgie. Le groupe britannique spécialisé dans l'industrie ferroviaire - la SNCF est l'un de ses principaux clients -, a été monté de toutes pièces par un fonds d'investissement, Greybull Capital, lui-même détenu par deux Français, les frères Meyohas.
Les frères Meyohas qui ont constitué en l'espace de seulement trois ans un groupe de plus de 5 000 salariés : reprise en 2016 d'une partie des activités européennes de l'indien Tata Steel - rails et produits de construction notamment - avec des usines dans le nord de l'Angleterre et dans l'est de la France, et rachat en 2017 du néerlandais FN Steel.
Stratégie anti-Brexit
British Steel était l'unique candidat suffisamment solide encore en lice après la défection lors de l'ultime audience, le 24 avril, du fabricant italien d'aciers spéciaux Calvi Networks, contraint de jeter l'éponge faute d'avoir pu boucler son plan de financement.
Mais si le rachat d'Ascoval est une manière de renforcer la position de British Steel, elle est aussi, selon des analystes, une stratégie pour anticiper certaines difficultés liées au Brexit. La reprise d'usines situées sur le continent pourrait justement permettre aux groupes britanniques de contourner certaines difficultés en évitant des problèmes de douanes, de change et de taxe carbone.
Le milliardaire anglo-indien Sanjeev Gupta est lui aussi parti à la conquête de l'acier européen en rachetant l'année dernière sept usines métallurgiques dans six pays européens. Il y a deux ans, le groupe s'était déjà offert deux sites français, dont l'historique fonderie d'aluminium de Dunkerque.
Des opérations de grande ampleur initiées avant puis malgré les menaces liées aux taxes américaines sur l'acier européen brandies par Donald Trump, ou surtout au Brexit.