La France a 24 heures pour mettre à l’abri un ex-interprète afghan de l’armée

C'est une décision inédite du Conseil d'État. Vendredi 14 décembre, la plus haute juridiction administrative avait statué en faveur d'un ancien interprète de l'armée française en Afghanistan, menacé par les talibans et qui avait vu sa demande de visa pour la France rejetée en 2015, sans justification. La France disposait de huit jours, le délai expirant samedi 22, pour assurer la sécurité de l'interprète et de sa famille.

L'interprète devrait, selon les préconisations du Conseil d'État, être relogé avec sa famille dans un quartier sécurisé de Kaboul dans l'attente du réexamen de sa demande de visa et d'un éventuel rapatriement sur le territoire français. Soit dans un délai de deux mois.

Pour Caroline Decroix, vice-présidente de l'association des anciens interprètes afghans, cette décision est une victoire, qui pourrait faire jurisprudence pour de nombreux autres anciens auxiliaires de l'armée française, menacés dans leur pays, car considérés comme des traîtres :

« Le Conseil d’État nous dit "le droit à la protection fonctionnelle s’applique pour les auxiliaires", ce qui veut dire que tous les refusés du processus de réexamen humanitaire vont enfin avoir le droit d’exercer un recours en justice contre l’État. Le problème c’est que, dans le cadre du réexamen humanitaire, la majeure partie du personnel n’a même pas été reçue en entretien, et deuxièmement, enfin, il y aura un contrôle du juge administratif sur le refus de protéger de l’administration. Ce qui est essentiel puisque ces hommes auront un deuxième regard sur leurs dossiers. »

Plus de 800 Afghans ont été employés comme auxiliaires dans l'armée française jusqu'à son retrait en 2012, mais seuls 173 supplétifs afghans ont obtenu des visas pour la France. La décision du Conseil d'État est aussi une forme de désaveu pour l'armée française qui n'a pas voulu mettre en place une procédure claire et transparente d'attribution des visas. Le ministère de la Défense n'a pas répondu à nos sollicitations.

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