France: les «gilets jaunes» reçus à Matignon vendredi

Le Premier ministre français Edouard Philippe va recevoir les « gilets jaunes », comme ils le souhaitaient. Des représentants du mouvement sont conviés vendredi 30 novembre 2018 à Matignon. Une rencontre qui intervient quasiment trois semaines après la première mobilisation des gilets jaunes le 17 novembre.

Après une phase de « minimisation » du mouvement il y a deux semaines, puis une phase de « panique » samedi dernier, depuis mardi le bras de fer qui oppose les « gilets jaunes » au gouvernement est entré dans une nouvelle ère : celle de la conciliation. Ou du moins une tentative de conciliation qui s'est soldée par un échec mardi à la sortie de la réunion entre les gilets jaunes et le ministre de l'Ecologie.

L'un des porte-parole du mouvement avait alors expliqué qu'il ne sentait pas chez le gouvernement l'envie « d'améliorer le sort des gens », tout en demandant à être reçu par le Premier ministre.

C'est donc une deuxième étape de franchie pour ces représentants des « gilets jaunes », qui seront reçus vendredi à Matignon. La réunion doit permettre de préparer les modalités de la grande consultation citoyenne voulue par Emmanuel Macron. Et d'entendre les revendications du mouvement, qui sont économiques, mais aussi politiques et sociales.

Revendications pêle-mêle

Plusieurs listes de revendications circulent d'ailleurs sur les réseaux sociaux. L'une d'entre elles a été envoyée jeudi aux médias et aux députés, avec 40 mesures. Parmi les pistes évoquées : faire payer beaucoup d'impôts aux grosses entreprises comme McDonald's ou Google et diminuer les taxes des petits commerçants.

Il est également question d'augmenter le Smic à 1 300 euros nets par mois, et de geler les taxes sur le carburant. Les « gilets jaunes » à l'origine de ces doléances demandent également que des emplois soient créés pour les chômeurs.

Une autre liste de revendications, portée, elle, par les porte-parole désignés du mouvement, est davantage politique. Les représentants demandent la création d'une assemblée citoyenne, la suppression du Sénat ou encore la comptabilisation du vote blanc.

Autant de thèmes qui devraient être évoqués par le Premier ministre et les représentants du mouvement. Mais là encore l'unité vacille : depuis 24 heures un message se répand sur les groupes Facebook des « gilets jaunes », mettant en garde : « Cette délégation ne me représentera pas ! »

Calmer les esprits

Cette rencontre tombe à point nommé, 24 heures avant la manifestation du 1er décembre, à nouveau prévue sur les Champs-Elysées et à laquelle se rendra Jean-Luc Mélenchon. Recevoir les « gilets jaunes » pourrait donc peut-être calmer les ardeurs des manifestants samedi.

Mais la tâche risque d'être compliquée pour le Premier ministre. Car s'il s'agit pour lui de débloquer la situation, il n'a cessé jusque là de prôner la fermeté. Une attitude qui commence d'ailleurs à faire grincer des dents dans la majorité. A l'Assemblée, certains députés La République en marche regrettent son manque d'investissement sur le terrain et souhaiteraient qu'il prenne plus sa part pour protéger le président de la République.

C'est peut-être ce qu'attend aussi Emmanuel Macron, qui lui a demandé d'organiser la grande concertation de terrain grâce à laquelle il espère apporter des réponses à la colère des Français. Face aux « gilets jaunes », Edouard Philippe va devoir ouvrir le dialogue.

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