Dans le bureau du juge Teissier, pour la première fois, Salah Abdeslam est sorti de son silence. Mais à la lecture des procès-verbaux d'audition, ce fut laborieux.
Le 9 mars dernier, il était confronté à Ali Oulkadi, détenu à l'isolement depuis près de 30 mois. Ali Oulkadi est lui aussi originaire de Molenbeek, dans la banlieue bruxelloise, et c'est un proche des frères Abdeslam, surtout de Brahim, mort en kamikaze au Comptoir Voltaire.
Le 14 novembre 2015, il est contacté par Hamza Attou qui dans la nuit a ramené Salah Abdeslam en Belgique. Il lui demande de le conduire à Schaerbeek, commune du nord de Bruxelles, dans une planque, rue Henri-Bergé. Là où ont été confectionnées les ceintures d'explosifs des attentats parisiens.
ADN de contact
L'ADN d'Oulkadi y a été isolé sur une fourchette, un ADN de contact selon les enquêteurs : théoriquement il se peut qu'il ne soit jamais entré dans l'appartement. Alors dans le bureau du juge, Oulkadi supplie Abdeslam de le dédouaner.
Le terroriste prend la parole : « Oulkadi, dit-il, ne pouvait pas savoir à ce moment-là que j'étais l'ennemi public numéro un. Il ne pouvait pas savoir si j'étais impliqué. » Seulement quelques bribes, Salah Abdeslam n'en dira pas plus.