France: les mesures du «plan banlieues» dévoilées

Le président Emmanuel Macron détaille aujourd'hui son plan pour les banlieues françaises. Les élus sur place comme les associations réclament des actions concrètes et des investissements pour améliorer la situation dans les quartiers. Mais l’exécutif a prévenu : les investissements massifs ne sont pas à l’ordre du jour.

Emmanuel Macron dévoile ce mardi 22 mai les mesures destinées aux banlieues françaises. Plusieurs maires, toutes orientations politiques confondues, ont souvent évoqué le « mépris » du gouvernement vis à vis des banlieues. Une étiquette dont l’Elysée compte bien se séparer… en s’appuyant sur des membres de la société civile et sans investissements massifs de l’Etat dans les territoires.

La méthode : la concertation avec les acteurs sur le terrain et un rapport. Le président français a chargé l’ancien ministre de la ville Jean-Louis Borloo d’élaborer des propositions. Résultat, un rapport de 161 pages, très commenté lors de sa sortie fin avril.

Pas de « plan Marshall »

Son titre place la barre très haut :« Vivre ensemble, vivre en grand : pour une Réconciliation Nationale ». Concrètement, il s’agit d’un arsenal de 19 mesures livrées clé en main… transformées en simples « pistes de travail » par le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux dès le plan dévoilé. L’exécutif n’appliquera pas à la lettre les propositions Borloo et a d’ores et déjà écarté la possibilité d’un « Plan Marshall » dans les banlieues.

Urbanisme, écoles, emploi, transports ou encore sécurité… le spectre est très large, et demanderait un financement direct par l'Etat. Jean-Louis Borloo a évalué l’effort annuel nécessaire autour de 3 milliards d'euros par an. Un financement direct par l’Etat, doublé par des investissements réalisé par d’autres structures. Eux sont chiffrés à hauteur de 10 milliards d’euros par an. Enfin, un fonds doté de 5 milliards d'euros devra être mis en place à la Caisse des dépôts et consignations, d’après l’ancien ministre de la Ville.

Un constat alarmant

Le texte est explosif. Il se fait l’écho du ras-le-bol exprimé ces derniers temps par les élus et les habitants des 1 500 quartiers prioritaires de la ville (QPV). Cinq millions d’habitants souvent très jeunes qui vivent pour Jean-Louis Borloo dans une « forme de relégation ».

L’ancien ministre n’a pas manqué de rappeler que l'effort public est en berne, et la politique de rénovation des logements à l’arrêt depuis 2013. Une situation déjà dénoncée par le maire de Sevran Stéphane Gatignon. Il avait choisi de démissionner, dénonçant ainsi l'abandon des banlieues.

Sur le terrain, les quartiers sont touchés par le chômage, l'accès aux services publics est toujours plus complexe. Chanteloup-les-Vignes fait partie des communes prioritaires d'Ile-de-France. La ville a connu des rénovations profondes, certains quartiers ont été remaniés, des barres d’immeubles détruites. Mais pour cette habitante, qui souhaite rester anonyme, le compte n’y est pas. « Il faut qu’on ait plus de moyens par exemple pour faire garder les enfants. C’est tellement difficile de trouver une place en crèche. A cause de ça, j’ai même dû refuser un emploi en CDI [contrat à durée indéterminée, NDLR]. »

Plus de crèches, c’est la troisième mesure du rapport Borloo, qui propose la création de 30 000 places. Du côté de la mairie, on salue la volonté et l’espoir portés par ces propositions. La maire Catherine Arenou constate que « la méthode a changé. La volonté de l’Etat, c’est de reprendre la main et que la politique de la ville ne se conduise plus en "tuyaux d’orgues" où chacun fait les choses de son côté. Cela générait une cacophonie ». Désormais, elle attend, comme tous en banlieue, du concret.

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