L’enquête a été réalisée auprès de 600 prostituées dans neuf grandes villes françaises et sur les routes de campagne. Selon son auteure, la chercheuse Hélène Le Bail, ses résultats sont « très préoccupants ». L'enquête relève en effet une précarité croissante des prostituées. La loi de 2016 a conduit à une diminution du nombre de clients et donc à une baisse des revenus.
De la même façon, les conditions d'exercice de la prostitution se sont fortement dégradées, observe l'étude. Les prostituées ont moins de contrôle dans leurs relations avec les clients. « En général, le client met en avant le fait qu'il prend des risques et qu'en échange, la personne pourrait travailler pour moins cher ou sans préservatif », indique Hélène Le Bail. Cette dégradation engendre selon la chercheuse un problème de santé sociale « extrêmement inquiétant ».
La loi prévoit pour les prostituées des parcours de sortie de leur activité. Mais selon la présidente de Médecins du Monde Françoise Sivignon, ce dispositif a toujours du mal à se mettre en place. « Cela ne fonctionne pas. Cela n'a fonctionné que pour une quarantaine de personnes », regrette-t-elle. Le verdict est sans appel : « On est devant un échec probant de cette loi, néfaste aux droits fondamentaux des personnes. »
Médecins du Monde ainsi que les autres associations qui ont participé à l’enquête envisagent donc aujourd’hui de demander au législateur d’abroger la loi de 2016.