Les arguments sont inlassablement les mêmes. Ceux qui défendent la pénalisation du client considèrent la prostitution comme une violence faite aux femmes. Patrick Jean est membre du collectif du ZéroMacho. « La violence, elle existe à partir du moment où une prostituée se retrouve face à un client. Elle est livrée de toute façon au bon vouloir du client et que violence il peut y avoir. »
Un point de vue que partage Catherine Albertini, militante à l'association Choisir la cause des femmes. « La misère sexuelle est un non-sens. Le client exprime finalement un droit ancestral à maintenir ce droit patrimonial sur le corps d’êtres qui ne les désirent pas, à qui ils font du tort. »
Mado, elle, se prostitue depuis 12 ans dans sa camionnette. Quand elle parle, elle agite des mains aux ongles longs parfaitement manucurés. Pour elle, la pénalisation des clients visera les plus fragiles, celles qui se prostituent dans la rue ou dans les bois.
« Les filles vont se cacher et ça va devenir de plus en plus difficile pour que les médecins et les associations qui nous suivent puissent nous suivre, parce qu’ils vont pas nous voir. »
Si la loi était adoptée, en cas d'interpellation, le client d'une prostituée serait puni d'une amende de 1500 euros, doublée en cas de récidive. David est client de prostituées, et ne partage évidemment pas l’idée que la prostitution est une violence faite aux femmes.
« Moi, j’ai pas cette vision là. Je trouve ça assez sain. Si c’est bien fait, y a pas de soucis. C’est une pulsion sexuelle. J’ai 26 ans c’est comme ça, il faut que je fasse l’amour une fois par jour ou presque. Donc je viens ici de temps en temps quand, vraiment, j’ai besoin de ça. Je me sentais un peu con de devoir faire ça alors que je suis étudiant, j’ai peu d’argent. Bon, c’est dommage de devoir payer pour ça », avance-t-il.