Nouvelle-Calédonie: séquence émotion en terre kanake pour Edouard Philippe

Edouard Philippe poursuit son déplacement dans l'archipel de Nouvelle-Calédonie, en Océanie. Le Premier ministre français observe sur place un point d'étape, à un an du référendum d'autodétermination prévu en 2018. Ce vote historique fait craindre le retour des tensions communautaires, dans un territoire colonisé par les Français il y a 164 ans et où l'on se prépare à ce scrutin de longue date.

Au deuxième jour de sa visite en Nouvelle-Calédonie, territoire français situé à l'est de l'Australie, le Premier ministre Edouard Philippe s'est rendu dans les îles Loyauté, pour rendre hommage à un tirailleur kanak tombé pour l'Hexagone en 1918, et dont les restes, exhumés d'un cimetière de l'Aisne, ont été rapatriés en novembre sur son île natale, Tiga (150 habitants).

Il avait 29 ans et s'appelait Kalepo Wabete. Il était membre du bataillon mixte du Pacifique et s'était engagé à la place de son frère aîné, qui venait de se marier. « Si Kalepo n'avait pas fait ce geste de partir à la place de mon grand-père, je ne serais pas là », a confié à la presse l'un de ses petits-neveux, Emile Wabete. « C'est un long combat de trente ans pour le faire revenir », a-t-il ajouté.

« En permettant de faire revenir les restes de Kalepo Wapete, vous avez permis que les trois enfants de Tiga partis combattre en 1916 reposent désormais ensemble », a expliqué le chef coutumier à Edouard Philippe, alors que les deux autres étaient revenus vivants. « Vous avez tenu à venir à Tiga pour y poser vos pieds, voir, observer, écouter, sentir, déceler et comprendre. Vous avez parfaitement raison », a dit un autre petit-neveu au Premier ministre.

« Une profonde envie de l’ensemble des partis de donner toute sa chance au dialogue »

Mais la politique n'attend pas. Le chef du gouvernement français a également rencontré les partis politiques néo-calédoniens pendant la première partie de son séjour. Il leur a demandé de garder le fil du dialogue, de défendre le vivre-ensemble, à l'approche d'un référendum prévu au plus tard en novembre 2018 et qui déterminera le nouveau statut des lieux, entre souveraineté pleine et entière ou maintien dans le giron de la France.

« J’ai proposé aux partis que l’Etat organise une discussion intense, pour que nous puissions déterminer les points d’accord, les convergences sur ce qu’est la Nouvelle-Calédonie, sur la façon de vivre en Nouvelle-Calédonie, sur ce qu'il se passera après la consultation. Pas simplement "le jour d’après", pour reprendre une expression consacrée, mais dans les dizaines d’années qui suivront la consultation, quel que soit le résultat », explique M. Philippe au micro de notre envoyé spécial, Julien Chavanne.

« Ce qui m’a frappé, ajoute le Premier ministre, c’est la profonde envie de l’ensemble des partis de donner toute sa chance au dialogue, de faire en sorte qu’en se comprenant et qu’en échangeant sur ce qui fait la spécificité de la société calédonienne, ce qui fait qu’elle se tient debout, puisse être révélé et puisse offrir des éléments de construction pour la suite. »

Il lui reste deux jours pour convaincre.

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