Jeudi 26 octobre 2017, la scène se passe dans une librairie de Saint-Germain-des-Prés, en plein cœur de Paris. Redevenu avocat, Bernard Cazeneuve se livre aux dédicaces. La séance prend un tour assez politique lorsque plusieurs personnalités se glissent dans la file. « Ah, Jean-Pierre, ça me fait plaisir de te voir là », lance l'ancien Premier ministre. « Tu fais recette, bravo ! », lui répond son interlocuteur, qui n'est autre que Jean-Pierre Chevènement.
Acteur de premier plan de la fondation du Parti socialiste en 1972, l'ancien ministre - notamment de l'Intérieur, comme M. Cazeneuve - et ancien candidat à la présidentielle, en 2002, n'est pas le seul curieux de marque à Saint-Germain. On aperçoit aussi Edith Cresson, ancienne Première ministre de François Mitterrand, ou encore Elisabeth Guigou, ancienne garde des Sceaux de Lionel Jospin. La « Mitterrandie » défile devant le pilier du dernier quinquennat.
Après la débâcle, dans le public, certains voient déjà l'ancien député de la Manche, très peu connu au début du mandat de François Hollande, en piste pour la prochaine présidentielle en 2022. « Ça m'émeut, je ne peux pas vous dire le contraire. Je vous mentirais si je vous disais le contraire », confie la star du jour. Mais Bernard Cazeneuve l'assure, pour « que les choses soient bien claires » : premier secrétaire du Parti socialiste, ce n'est pas pour lui.
« Je ferai tout pour qu'un Parti socialiste renaisse, assure M. Cazeneuve. Il s'appellera socialiste ou autrement. Ça me paraît important. Mais tous ceux qui sont dans les spéculations sur les ambitions des uns, des autres, et qui me prêtent à moi des ambitions ou des intentions, font du papier en perdant leur temps. Ça ne correspond ni à mon état d'esprit, ni à ma volonté. Je serai bien entendu fidèle à ma famille, je suis disponible, mais je n'exercerai aucun leadership. »
Encourager la nouvelle génération de la gauche française, plutôt que la concurrencer, telle est l'ambition affichée par l'ancien chef du gouvernement de François Hollande, à quelques mois du congrès de la refondation du « parti de la rose ». L'ancien député et maire de Cherbourg, lui, entend continuer la promotion de son livre. Qu'on se le dise : l'ancien couteau suisse de la gauche de gouvernement sous Hollande n'est candidat à rien, et disponible à la fois.