Procès Abdelkader Merah: la parole est aux parties civiles

Abdelkader Merah, le frère de Mohamed Merah, le terroriste franco-algérien qui avait perpétré les tueries de mars 2012 à Toulouse et Montauban, en est ce mercredi 25 octobre 2017 à son 18e jour de procès. Les parties civiles étaient à la barre dans la matinée.

Un foulard sur la tête, les yeux embués de larmes, Latifa Ibn Ziaten s'avance vers la barre. C'est la mère d'Imad Ibn Ziaten, le premier militaire assassiné par Mohamed Merah. Elle a voulu dire au frère du terroriste tout le mal qu'il lui a fait : « Regarde ce que j'ai donné à la société : une famille digne, bien élevée, bien éduquée. Il a fallu que quelqu'un gâche ce bonheur et cette réussite avec mes enfants. Aujourd'hui, on vit, mais on vit difficilement. Ce que je garde d'Imad avec moi, c'est toujours son béret. »

Aujourd'hui, comme beaucoup de familles, elle veut opposer l'amour à la haine. Musulmane, elle ne reconnaît pas la religion des frères Merah. « La vengeance, la colère, n'apportera rien. Je pense qu'Abdelkader Merah, chaque moment, chaque jour où il se retrouve seul, il doit voir le mal qu'il a fait. Mais il ne vit pas sur la même planète que nous, cette homme-là », juge-t-elle.

Comme Latifa Ibn Ziaten, Samuel Sandler, père de Jonathan et grand-père d'Arié et Gabriel, tous les trois assassinés par le jeune meurtrier, a tenu à s'exprimer ce mercredi. « Ce que je voulais dire, confiait ce dernier à la sortie, c’est qu'une partie de ma famille a été déportée. Et je me suis dit au fond de moi-même : maintenant, on est en France, plus jamais on n’assassinera un enfant français ou des enfants français parce qu’ils sont de religion juive. Jusqu’à ce jour de mars 2012... »

« Je me suis souvenu d’une phrase d’André Malraux pendant la Seconde Guerre mondiale, explique Samuel Sandler. "C’est la première fois que les hommes donnent des leçons à l’enfer." Cette journée du 19 mars était pire que l’enfer. » « D’ailleurs, les nazis ont toujours caché leurs crimes. Lui, l’assassin, il en était fier, il a filmé, il a fait un montage ! J’ai entendu dire aussi, par plusieurs témoins, qu’il avait un maître à penser - autrement dit, un maître à tuer - et que c’était le frère qui était actuellement ici. Pour moi, ce n’est rien d’autre qu’un petit Eichmann de banlieue. »

Toute la journée, des dizaines de parties civiles se sont ainsi succédé à la barre. Abdelkader Merah, lui, les bras croisés derrière les vitres du box des accusés, n'a rien laissé paraître.

→ Écouter sur RFI : Latifa Ibn Ziaten « reste debout » pour son fils

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