Face-à-face courtois entre Edouard Philippe et Jean-Luc Mélenchon

Edouard Philippe était sur France 2 jeudi 28 septembre pour sa première longue émission politique en tant que chef du gouvernement français. Il a défendu ses choix en matière budgétaire, assurant qu'il allait redonner du pouvoir d'achat aux gens. Le Premier ministre a ensuite fait face à Jean-Luc Mélenchon. On attendait un duel, ce fut un face-à-face policé.

Pendant deux heures d'émission, Edouard Philippe a défendu les réformes du gouvernement français, jeudi soir sur le plateau de France 2. En particulier le budget de l'Etat pour 2018, fraichement présenté. Avant le point d'orgue de la soirée pour ce représentant issu de la droite : le débat.

D'un côté, Edouard Philippe, donc. De l'autre, Jean-Luc Mélenchon. Sur le fond, le clivage est profond. Sur la réforme du Code du travail notamment. Les ordonnances vont accroître la précarité, et l'Allemagne en la matière n'est pas un modèle, estime Jean-Luc Mélenchon.

« Si c’est pour faire des jobs à un euro comme en Allemagne, merci, on n’en veut pas en France. Arriver à 4 % de chômage à ce tarif-là, non ! Ce n’est pas sérieux », a lancé le président de La France insoumise face au chef du gouvernement d'Emmanuel Macron.

« Moi, j’aimerais qu’on soit dans la situation de l’économie allemande, a rétorqué le Premier ministre, je préfèrerais qu’on n'ait que 60 % de dette publique plutôt que 98 %. Je préfèrerais qu’il y ait moins de chômage en France… » Jean-Luc Mélenchon coupe : « Non, pas à ce prix-là. »

Statu quo entre le gouvernement et Mélenchon

Le contraste est marqué aussi sur l'écologie, ou encore sur le traité de libre-échange avec le Canada (CETA). Mais sur la forme, les échanges sont courtois. « Nous faisons le constat ensemble que la France va mal ; vous avez des méthodes qui ne sont pas les miennes », résume Edouard Philippe.

« Vous êtes un homme cultivé », relève son contradicteur. « Vous êtes un républicain », pointe le chef du gouvernement, qui se dit déçu par l'attitude de M. Mélenchon au soir du premier tour de la présidentielle, et par l'expression « coup d'Etat social » employée pour mobiliser contre les ordonnances.

Pas de gagnant net au terme de la vingtaine de minutes du face-à-face. On s'attendait à un vrai match de boxe, on assiste finalement à un échange poli, sans agressivité, entre deux gentlemen. Le ton ne monte que rarement. Les deux hommes tombent surtout d'accord sur leurs désaccords.

Un duel sans surprise, qui se termine avec des sourires. Jean-Luc Mélenchon ira jusqu'à souhaiter qu'Edouard Philippe soit convié quand il sera à son tour l'invité principal de l'émission. Matignon comme l'entourage du député avaient minimisé l'importance de ce débat avant l'émission ; ils avaient raison.

L'inconnu Edouard Philippe face aux Français

Les deux hommes se respectent et prennent plaisir à débattre ensemble sur le plateau de France 2. L'exécutant du président Macron et l'opposant de gauche radicale ont joué leur partition jeudi soir. Réaction amère du socialiste Olivier Faure : « Tous les deux se sont choisis comme épouvantail. »

Le résultat est donc mitigé, mais à Matignon, on parle d'un exercice réussi. « Pour l'image et les messages à passer, le Premier ministre a été au rendez-vous », juge un proche conseiller. Car cette émission était aussi l'occasion pour le chef du gouvernement de prendre un peu la lumière.

Après son interview ratée à la rentrée, Edouard Philippe avait l'opportunité de mieux se faire connaître du grand public. Côté positif, on retiendra qu'il a été précis sur les questions économiques, combatif face aux intervieweurs et qu'il s'est montré déterminé à faire passer les réformes.

Côté négatif, son profil technocrate aura fini par prendre le dessus. M. Philippe est resté flou sur le terrain sociétal, comme avec la procréation médicalement assistée, ouverte aux femmes. Et malgré quelques blagues, il a eu du mal à se livrer, à dévoiler sa personnalité derrière sa réserve.

→ À la Une de la revue de presse française : Le méconnu de Matignon

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