Le groupe pharmaceutique répondra de « tromperie aggravée, escroquerie, blessures et homicides involontaires et trafic d'influence », selon une source judiciaire.
Les juges d'instruction ont également renvoyé devant le tribunal, pour « blessures et homicides involontaires », l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Celle-ci n'a pas souhaité réagir.
Au total, onze personnes morales et quatorze personnes physiques seront jugées.
Prescrit pendant plus de 30 ans à cinq millions de personnes en France, cet anti-diabétique était largement utilisé comme coupe-faim. Il a été retiré du marché en novembre 2009, deux ans après les révélations d'une pneumologue, le Dr Irène Frachon.
Cette dernière a réagi auprès de l'AFP en évoquant un « crime industriel hors norme » et une « instruction exemplaire, constamment entravée par les manoeuvres dilatoires des conseils de Servier ».
4129 parties civiles
Les laboratoires Servier ont eux dénoncé une instruction « tronquée » qui a minimisé, selon eux, la responsabilité des autorités administratives.
« Même si Servier indemnise les victimes, les personnes malades et les proches de personnes décédées sont dans l'attente d'un procès pénal pour identifier les responsabilités, du côté des laboratoires, des agences étatiques comme l'Agence du médicament (ANSM) ou parmi les experts dans les commissions de contrôle du médicament », a commenté Charles Joseph-Oudin, avocat de parties civiles. « Il reste à organiser ce procès dont on espère qu'il se tiendra en 2018 », a-t-il ajouté.
Le procès devrait alors réunir, dans une configuration exceptionnelle, 4 129 parties civiles. Mais il se tiendra sans le principal protagoniste : Jacques Servier, fondateur des laboratoires du même nom, mort en 2014 à 92 ans.
L'affaire fait déjà l'objet d'une procédure pénale. La Cour de cassation devrait avoir à se prononcer sur une éventuelle jonction au procès parisien.
(avec AFP)