Donald Trump, invité d'honneur du 14-Juillet: notre édition spéciale

Après le «dîner d'amis», jeudi soir à la tour Eiffel, la lune de miel franco-américaine s'est poursuivie ce vendredi sur les Champs-Elysées. Donald Trump était l'invité d'honneur du défilé militaire du 14-Juillet, aux côtés d'Emmanuel Macron, pour célébrer le 100e anniversaire de l'intervention des Etats-Unis dans la Première Guerre mondiale, en 1917. En bas de cet article, écouter notre édition spéciale.

Il s'agissait d'honorer la participation décisive, et le sacrifice des soldats américains, lors de la Grande Guerre de 1914-1918. A l'honneur ce vendredi sur les Champs-Elysées, cinq « sammies » en tenue d'époque. C'est ainsi que les soldats français surnommaient leurs camarades venus d'outre-Atlantique. Il y avait aussi des soldats de la First Infantry Division, créée en 1917, précisément pour venir combattre aux côtés de la France et de ses alliés de l'époque.

Ces célébrations de la prise de la Bastille et de la Fête de la Fédération ont aussi été l'occasion pour Emmanuel Macron de mettre en scène sa diplomatie. Avec son invité d'honneur, Donald Trump, le président français a multiplié les gestes d'amitié, les tapes dans le dos, les accolades... Des échanges très tactiles. Les décors avaient été choisis avec soin : Invalides, Elysée et dîner à la tour Eiffel, avant le défilé ce vendredi. Les Premières dames ont aussi affiché leur complicité.

Comme avec Vladimir Poutine, reçu sous les ors du parc de Versailles, le chef de l'Etat français n'a pas hésité à en faire beaucoup dans le faste. Brigitte et Emmanuel Macron ont visiblement cherché à en mettre plein la vue au couple présidentiel américain. Le président montre qu'il joue dans la cour des grands, mais aussi qu'il reste l'un des principaux interlocuteurs des Etats-Unis malgré sa contre-offensive sur le climat et son fameux : « Make our planet great again ».

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En France, le 14-Juillet n'est désormais plus seulement le jour de la fête nationale. C'est aussi un jour de deuil, depuis l'attentat de Nice l'an passé. Il y a un an, un camion-bélier conduit par un homme se revendiquant du groupe Etat islamique avait foncé sur la foule qui suivait le feu d'artifice sur la promenade des Anglais. Le président devait rendre hommage dans l'après-midi aux 86 morts et aux centaines de blessés de cette attaque.

Avant son départ, à l'issue de la parade militaire - fait inhabituel en pareille occasion -, le président français a cependant pris la parole. Lui qui, préférant se passer des journalistes et de leurs questions, avait déjà rompu avec la traditionnelle interview télévisée du 14-Juillet à l'Elysée, a alors célébré une dernière fois la relation franco-américaine. « Rien ne nous séparera jamais », a-t-il lancé devant son hôte Donald Trump.

C'est depuis la tribune officielle, place de la Concorde, qu'Emmanuel Macron s'est exprimé pendant quelques minutes. Une allocution patriotique et sans aucune allusion politique. Pas un mot sur les tensions autour des économies demandées aux armées. Le président de la République a laissé à son Premier ministre Edouard Philippe le soin de s'exprimer sur le sujet. Très ferme, ce dernier a rappelé le devoir de réserve des militaires.

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« Durant notre histoire, (...) nous avons trouvé des alliés sûrs, des amis qui sont venus à notre secours. Les Etats-Unis d'Amérique sont de ceux-ci. C'est pourquoi rien ne nous séparera jamais. La présence aujourd'hui à mes côtés du président des Etats-Unis, M. Donald Trump, et de son épouse, est le signe d'une amitié qui traverse les temps. Et je veux ici les remercier. Remercier les Etats-Unis d'Amérique pour le choix fait il y a 100 ans. » Emmanuel Macron, 14 juillet 2017.

Alors, Donald Trump n'a pas dit qu'il reviendrait dans l'accord de Paris, but plus ou moins avoué d'Emmanuel Macron. « Quelque chose pourrait se passer », a-t-il seulement déclaré jeudi lors de la conférence de presse des deux présidents. Une expression plutôt vague, suffisamment du moins pour faire plaisir à son hôte français sans renier pour autant sa promesse de campagne. Affaire à suivre, donc. Seule avancée concrète : la coopération en matière d'antiterrorisme.

L'opération « Trump à Paris » aura sutout été une mise en scène de l'amitié franco-américaine, très importante symboliquement pour ces deux nouveaux présidents de deux grandes puissances. Inviter Donald Trump à la fête nationale avait fait grincer quelques dents, comme celles de l'ancien ministre de François Hollande, Stéphane Le Foll, et de la « tête dure », « l'Insoumis » Jean-Luc Mélenchon. Une polémique jugée « étonnante » par Emmanuel Macron.

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