Ils se sont répartis les rôles : deux discours de méthode censés donner le « la » avant d'entrer dans le vif du sujet. Alors qu'Emmanuel Macron a évoqué le cap qu'il entendait suivre pendant son quinquennat, n'entrant dans le détail que pour une partie des premiers chantiers à mener - la réforme des institutions, principalement -, le Premier ministre est particulièrement attendu ce mardi sur le dossier « chaud » de ce début de mandature : les réformes économiques et sociales, dont le chef de l'Etat s'est contenté d'énumérer les grands objectifs.
Edouard Philippe est donc arrivé à l'Assemblée nationale à pied, ce mardi matin, en vue de son grand oral devant les députés de la nation, une tradition pour les nouveaux chefs de gouvernement français. Il a commencé sa journée par un bref passage à la conférence des présidents et auprès du groupe majoritaire, La République en marche (LREM). Sa journée s'achèvera, comme le veut la Constitution, par un vote de confiance de l'Assemblée nationale venant apporter à son gouvernement sa légitimité.
Entre temps, il est donc attendu sur la politique qu'il entend mener, notamment en matière de droit du travail, de finances publiques et de lutte contre le chômage. Une déclaration à laquelle il travaille depuis près d'un mois. Le discours sera lu au même moment au Sénat par le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb. « Un discours de la méthode, un discours politique d'exécution : ce qu'on va faire, comment on peut le faire et, ce qu'a déjà largement expliqué le président, pourquoi on va le faire », explique un proche du Premier ministre à l'Agence France-Presse.
L'objectif n'est pas d'arrêter « le calendrier mensuel de toutes les actions gouvernementales pour les cinq ans qui viennent », « mais va déterminer sujet par sujet ce qui est de notre responsabilité, y compris sur le redressement des comptes publics », décrypte le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner. Edouard Philippe se donne pour objectifs, selon son entourage à Matignon, de fixer des priorités : « Il crée un agenda, avec un calendrier, des chiffres et une méthode. Tout n'est pas arbitré au détail près, mais en matière budgétaire, il y aura quelques pistes. »
Fort d'une majorité absolue avec le groupe LREM, auquel il faut ajouter le Modem de François Bayrou, le gouvernement Philippe peut aller au vote de confiance sans la moindre crainte d'être renversé, ce mardi au palais Bourbon après les interventions des représentants des groupes. D'autant qu'il pourra compter sur la bienveillance d'un groupe parlementaire issu de la droite et qui souhaite se montrer « constructif » à l'égard de cette équipe, voire d'une poignée d'élus de gauche. Certains s'abstiendront, d'autres voteront peut-être la confiance.