Avec notre envoyé spécial à Metz, Franck Alexandre
Sans surprise, le ministère public requiert la plus lourde peine prévue par le Code pénal, la réclusion à perpétuité, car, s’il n’y a pas d’aveux, de preuves scientifiques, certaines constances accablent l’accusé, pointe l’avocat général Jean-Marie Beney : la présence avéré de Francis Heaulme sur les lieux au moment des meurtres, l’extrême violence qui fait écho à celle dont il a fait preuve dans neuf autres dossiers. (Cette extrême violence lui vaut déjà, rappelle l’avocat général, deux condamnations à perpétuité). Il y a aussi les témoignages des codétenus à qui il a fait des confidences.
S’il continue de nier, il y a des raisons, assure le représentant du parquet. Pour lui, Francis Heaulme se tient à distance, grâce à une amnésie salvatrice, des aveux qui terniraient son image dans le monde carcéral : un tueur d’enfants serait rétrogradé dans la hiérarchie des détenus.
Pour toutes ces raisons, assure le représentant de l’accusation, « Nous nous passerons des aveux de Francis Heaulme et ce, d’autant plus volontiers qu’ils n’auraient rien apporté. L’absence d’aveux n’égarera pas la justice. Par votre juste verdict, vous direz à l’accusé : « Alexandre, c’est vous. Cyril, c’est vous ». « Et, enfin, clore ce dossier, vieux de trente ans, dans lequel l’autorité judiciaire, par défaut de rigueur et d’engagement, confesse l’avocat général, n’a clairement pas été à la hauteur ».