Avec notre envoyé spécial à Ajaccio, Pierre Firtion
L’action de samedi a été revendiquée par Ghjuventù Indipendentista (« Jeunesse indépendantiste »), un groupe dirigé par Paul Salort. Ce dernier est revenu après coup sur les raisons qui ont motivé cette intrusion au sein du meeting frontiste : « Ce qui nous a motivés, c’est simplement le fait qu’on ne puisse pas accepter que Marine Le Pen vienne distiller son discours de haine. Il est hors de question que le fascisme ait le droit de citer en Corse ».
Une action qui s’est achevée dans la violence, mais qui a tout de même été soutenue par les nationalistes de Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni qui, respectivement, président de l’Exécutif corse et de l’Assemblée territoriale.
Une frange identitaire en plein essor
Est-ce à dire alors que les nationalistes corses sont opposés dans leurs rangs au Front national ? La réponse est non, car une frange identitaire est aujourd’hui en plein essor, comme l’explique Isaline Amalric Choury, la nièce de la résistante communiste Danielle Casanova, et qui mène ici le combat contre l’extrême-droite.
« Il faut distinguer dans le nationalisme les identitaires ethniques et ceux qui acceptent toutes les cultures. Certains éléments en liaison avec les fascismes italien et européen s’introduisent dans ces réseaux identitaires et envahissent totalement comme un virus, la Toile. Et toutes les personnes qui, comme nous, publient le moindre mot contre le racisme, on est immédiatement harcelées, menacées ».
Signe de cette montée du racisme, des tensions identitaires se sont multipliées ces derniers mois, comme à Sisco l’été 2016 quand une bagarre a dégénéré sur fond de tensions intercommunautaires, ou à Ajaccio, fin 2015, lorsque deux pompiers et un policier ont été blessés dans un incendie volontaire la nuit de Noël.