Avec notre envoyé spécial à Colmar, Laurent Geslin
C'est sous les vivats d'une foule de Kosovars expatriés en France et en Suisse que l'ancien Premier ministre Ramush Haradinaj est sorti de la chambre d'instruction de la cour d'appel de Colmar. Arrêté le 4 janvier dernier à l'aéroport de Bâle-Mulhouse-Fribourg, sur la base d'une notice Interpol émise par la Serbie, l'ancien commandant de l'Armée de libération du Kosovo est accusé par Belgrade de crimes de guerre sur des civils, en juin 1999.
L'homme clame son innocence, après avoir déjà été acquitté deux fois dans d'autres affaires par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY). « Cette situation, c'est une insulte pour la communauté internationale, pour l'Europe et pour la France. Moi je tiens à mon identité, Albanais du Kosovo. Le Kosovo est indépendant, donc chez nous la juridiction de la Serbie, ça n'existe pas et cela n'existera pas », estime Ramush Haradinaj.
Ramush Haradinaj va cependant devoir patienter jusqu'au verdict du 27 avril prochain pour connaitre son sort. Ces prochaines semaines, la cour va devoir notamment décider si l'ancien militaire pourrait recevoir à Belgrade un procès équitable. Dans les rangs de ses partisans, la seule solution pour maintenir la stabilité de la région est une libération du prévenu. « Si la France veut la paix au Kosovo, en Albanie, en Macédoine, en Serbie, au Monténégro, je pense qu'il faudra le laisser partir chez lui », dit Mustaf Alimusaj.
Dans un contexte régional tendu où les provocations se multiplient depuis quelques mois, la France se retrouve dans une situation diplomatique pour le moins inconfortable, entre Belgrade et Pristina.