Crise en Guyane: le gouvernement annonce 1 milliard d’euros d’engagements

Après presque deux semaines de crise sociale en Guyane, les ministres de l’Intérieur et des Outre-mer ont annoncé ce samedi 1er avril une série d’engagements pour un montant total de 1,085 milliard d’euros. Mais cette annonce est encore loin de satisfaire. Les discussions se poursuivent avec la ministre des Outre-mer ce dimanche alors que la Guyane entame son 7e jour de grève générale. Le ministre de l'Intérieur est lui rentré en métropole.

C’est une première ébauche du plan pour la Guyane que les ministres de l’Intérieur Matthias Fekl et de l’Outre-mer Ericka Bareigts ont présenté ce samedi à un collectif de Guyanais. Les discussions ont ensuite repris pour préciser les mesures et peuvent durer toute la nuit. « C’est maintenant qu’il faut bosser, déclarait à notre envoyé spécial Pierre Olivier, Mickaël Mansé, le porte-parole des 500 Frères. Donc s’il faut que ça dure toute la nuit, on va rester là toute la nuit, mais il faut qu’on arrive à trouver des solutions pour que tout le monde rentre et rentre une bonne fois pour toutes ». Le conflit a déjà duré assez longtemps poursuit-il, c'est maintenant qu'il faut régler les problèmes.

Les propositions du gouvernement

L’accent est notamment mis sur la sécurité. Les engagements du gouvernement prévoient ainsi la création d’un état-major policier avec une centaine d’effectifs supplémentaires, la construction d’une prison et d’un tribunal, rapporte notre envoyé spécial, Pierre Olivier.

Le secteur de l’éducation doit quant à lui bénéficier d’une enveloppe de 400 millions d’euros, avec la construction de plusieurs écoles et de collèges. De l’argent doit également être débloqué pour sauver l’hôpital de Cayenne ou encore l’élargissement de certaines routes. Au total, plus d’un milliard d’euros de mesures d’urgence a été mis sur la table.

Le gouvernement a également annoncé la cession de 250 000 hectares de terrain à la collectivité territoriale de Guyane et aux communes, afin qu'elles puissent construire davantage de logements, et notamment des logements sociaux. Elles devront également réserver des terres aux populations autochtones et aux agriculteurs. En Guyane où près de 90 % du foncier appartient à l'Etat français, la construction de logements et l'accès aux terres agricoles est particulièrement difficile. L'agriculture n'occupe que 4 % des surfaces en raison de la prédominance de la forêt. 

Dans le domaine des infrastructures 200 millions d'euros seront consacrés aux routes stratégiques sur le plan économique et 100 millions d'euros au doublement du pont qui relie Cayenne au centre spatial de Kourou. Les pêcheurs recevront quant à eux des aides à hauteur de 3,5 millions d'euros tandis que les agriculteurs percevront 5,5 millions d'euros. La collectivité territoriale de Guyane va pour sa part disposer d'une enveloppe totale de 200 millions d'euros pour faire face aux besoins, dont 50 millions d'euros pour financer le revenu de solidarité active (RSA).

Des engagements jugés insuffisants

Certains collectifs estiment cependant ces engagements insuffisants. « Ils (les ministres) n’ont pas pris la mesure de la situation en Guyane », « c’est une honte », pouvait-on entendre lors de la remise des propositions écrites par la délégation ministérielle. Plusieurs collectifs annonçaient qu’ils ne signeraient pas les propositions des ministres en l'état.

Tous s'accordaient pour dire qu’il y a encore beaucoup de travail d'ailleurs les discussions se poursuivent mais sans Matthias Fekl. Le ministre de l'Intérieur a décidé de rentrer à Paris dès ce samedi soir, estimant que les mesures proposées répondaient à l'urgence. C'est donc avec la ministre des Outre-mer seule que les discussions se poursuivent ce dimanche. Ericka Bareigts se dit prête à discuter pour réajuster certains points, mais à la marge et son retour en métropole est annoncé ce dimanche.

Point de discorde: la création d'une cité judiciaire

L’un des points de discorde reste la création d’une cité judiciaire pour lutter avec efficacité contre la délinquance endémique en Guyane. Le gouvernement ne l’a pas évoqué et le collectif n’entend pas faire sans.

La Guyane est depuis bientôt deux semaines le théâtre d’un mouvement social de grande ampleur, sur fond de revendications sécuritaires, économiques et sociales. Ce département situé en Amérique du Sud a connu mardi 28 mars « la plus grosse manifestation de son histoire », avec près de 15 000 manifestants sur une population totale de 250 000 habitants. Il y a une semaine, l’Union des travailleurs guyanais, qui regroupe 37 syndicats, avait voté à l’unanimité la grève générale qui a commencé lundi.

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