Avec notre envoyé spécial à Cayenne, Pierre Olivier
Cela faisait cinq heures que la foule massée devant la préfecture sous une pluie tropicale l’attendait, d’autres diront que cela faisait trente ans. Sur le balcon de la préfecture, face au peuple, Ericka Bareigts, la ministre des Outre-mer, s’avance un mégaphone à la main. Elle s’excuse d’avoir sous-estimé la situation en Guyane.
« Au bout de tant d'années, c'est à moi que revient l'honneur de dire, au-delà de ma petite personne, au-delà des fonctions, toutes mes excuses au peuple guyanais », a lancé la ministre.
Dans la foule en liesse, chacun prend la mesure des excuses qui se sont imposées dans l’emploi du temps des ministres. « Là aujourd’hui, le fait qu’elle se soit excusée, ça veut dire que quelque part elle a pris en compte nos doléances et qu’elle s’est rendue compte de quelque chose », estime un homme dans l’assemblée.
Désormais les discussions doivent commencer estime Stéphane Lambert, président du Medef de Guyane. « Peut-être en Guyane plus qu’ailleurs, il y avait de l’émotionnel. Il fallait purger des choses. Maintenant, le travail commence véritablement. Et je crois que d’ici 3-4 jours on devrait avoir fait le gros du travail. »
Avant même l’annonce des premières mesures concrètes, la Guyane savoure les fruits de sa détermination : des excuses publiques mais aussi un report du départ des ministres. Ils ne partiront plus vendredi comme prévu, mais plus tard dans le week-end.
Nuit de travail
D’ailleurs, toute cette nuit, la délégation ministérielle, composée d’une vingtaine de personnes, a décortiqué les revendications écrites transmises par les différents collectifs : plus de 500 pages sur l’avenir de la jeunesse, du logement, de l’éducation, avec des demandes qui vont du nombre de photocopieurs manquants dans telle ou telle administration à la construction d’une nouvelle route ou d’un lycée.
Et dès ce vendredi matin, les ministres vont faire des propositions aux collectifs, discuter avec eux, revoir leur copie si nécessaire pendant qu’au même moment une réunion interministérielle se tiendra à Paris.
L’objectif est de pouvoir, à la mi-journée, dévoiler les premières mesures concrètes et ainsi envoyer un premier signal positif à l’ensemble de la population.