Avec notre envoyé spécial à La Réunion, Julien Chavanne
Ils étaient une quarantaine, pancartes en main, à investir le mémorial de la France libre à la mi-journée, où François Fillon devait déposer une gerbe de fleurs. Les manifestants ont été maintenus à distance par la police. Mais le candidat de la droite à la présidentielle a finalement décidé de décaler sa venue. Il ira sur place quelques heures plus tard, au calme.
Cet épisode résume bien ce séjour réunionnais.Pendant trois jours, François Fillon a tout fait pour esquiver ses opposants. Pas une fois il ne sera allé les affronter et n’aura rencontré que des sympathisants.
Quand on l’interroge, François Fillon se défend de fuir. Il dénonce des événements « coordonnés », des « manifestants politisés, soit du Parti socialiste, soit de l’extrême gauche ». Une contestation artificielle en quelque sorte. On ne le voit plus sur les marchés ou déambuler dans la rue à cause des médias. Il explique : « Je ne peux pas y aller avec cinquante caméras, c’est du cinéma ».
Fillon mise sur son socle
En petit comité, François Fillon le reconnaît : l’affaire Penelope « parasite évidemment sa campagne. Bien sûr, l’opinion est choquée ». Mais il est persuadé que « ça ne change rien pour son électorat ».
Sa stratégie : se concentrer sur le noyau dur de ses électeurs, ces millions de personnes de la primaire qui veulent à tout prix le retour de la droite au pouvoir. Du coup, il ne s’adresse qu’à son camp. Un choix qui peut s’avérer risqué. De nombreux parlementaires relaient la déception de leurs électeurs avec une crainte : qu’ils n’aillent finalement pas voter.
Une inquiétude écartée d’un tour de main par François Fillon. Pas la peine de chercher plus de voix, explique-t-il. Il lui suffit de 2 à 3 points de mobilisation supplémentaire à sa base électorale pour accéder au second tour. Le 7 mai, il se voit d'ailleurs déjà affronter Marine Le Pen, le scénario idéal.
De retour à Paris, François Fillon pourrait connaître très bientôt la décision du Parquet natinal financier (PNF), mais il ne craint pas une mise en examen. Ce serait, dit-il, « une quasi-voie de fait ».
Mais aucun doute dans son esprit : « La détermination dont je fais preuve est un gage de ma solidité », assure François Fillon. Avant d’ajouter : « Ma campagne est un train qui ne s’arrête pas ».
Il lui reste un peu plus de deux mois pour sortir du « Penelopegate » et devenir à nouveau audible.