Aulnay-sous-Bois: une mise en examen et de nouveaux heurts

Pour la 2e nuit consécutive, la cité des 3 000 à Aulnay-sous-Bois a été le théâtre d'affrontements, dans la nuit du dimanche 5 au lundi 6 février. La conséquence d'une interpellation violente jeudi 2 février, au cours de laquelle un jeune homme de 22 ans a été gravement blessé à coups de matraque. Quatre policiers sont poursuivis par la justice et l'un d'entre eux a été mis en examen dimanche soir.

L’un d’entre eux est mis en examen pour viol, les trois autres sont poursuivis pour violences. Les quatre policiers au cœur de cette affaire ont tous été suspendus par le ministère de l’Intérieur. Au centre de ce dossier, il y a cette violente interpellation jeudi soir de Théo, 22 ans.

Les caméras de vidéosurveillance, dont les bandes ont été versées au dossier, permettent d’avoir une idée assez précise de ce qui s’est passé. Deux policiers y apparaissent en train de maîtriser le jeune homme, alors que leurs deux autres collègues restent en retrait. L’un d’entre eux utilise du gaz lacrymogène. Mais cela aura pour effet de gêner l’un des interpellateurs. Il n’en reste donc plus qu’un, qui va faire usage de sa matraque télescopique.

C’est à ce moment que les versions diffèrent. Les policiers soutiennent en effet que dans la cohue, le pantalon de Théo est tombé tout seul. Le coup de matraque qui lui a ensuite été donné vers les fesses l’a été à l’horizontale. C’est ce qui expliquerait la blessure dont souffre le jeune homme.

Ce dernier porte en revanche des accusations beaucoup plus graves. Il affirme que son pantalon a été baissé volontairement et que le policier à la matraque l’a utilisée pour le violer. Ses blessures sont très graves, il souffre en effet d’une section du sphincter anal et d’une lésion du canal anal profonde de dix centimètres. Les médecins lui ont prescrit 60 jours d’interruption totale du travail et il se trouve toujours à l’hôpital.

Cette affaire a choqué dans la cité des 3 000 d’Aulnay-sous-Bois.

Incidents

Pour la deuxième fois consécutive, des incidents ont éclaté dans la nuit de dimanche à lundi. On ne comprend pas comment quelque chose d’aussi violent a pu se produire : « La vie d’un jeune homme de 22 ans est peut-être gâchée », déplorait ce lundi matin Bruno Beschizza, le maire (LR) de la commune. « Une famille honnête et travailleuse a sa vie brisée. Le maire que je suis n’a qu’un but : que toute la lumière soit faite sur les faits, et que l’enquête se passe de manière transparente et rapide, afin qu’aucun doute ne subsiste. »

Ancien policier lui-même, Bruno Beschizza et tous ses administrés veulent des réponses. Tout le monde a en effet en tête une autre affaire, celle d’Adama Traoré.
En juillet 2016, à quelques dizaines de kilomètres, à Beaumont-sur-Oise, ce jeune homme était mort à la suite de son interpellation. Pour sa famille, cela ne fait pas de doutes, c’est la violence dont avaient fait preuve les gendarmes qui est en cause. Mais l’enquête piétine, et sept mois plus tard, on ne sait toujours pas exactement ce qu’il s’est passé.

La conduite des investigations par le parquet de Bobigny a suscité beaucoup de critiques et d’interrogations, à tel point que l’enquête a dû être dépaysée. A Aulnay-sous-Bois, personne ne veut voir ce scénario se répéter, puisqu’en toile de fond ce sont les relations entre la police et la jeunesse de banlieue qui est en jeu. Mais malgré cela, l’histoire semble bégayer : une marche en soutien pour Théo était organisée ce lundi. Sur les T-shirts, cette mention : « Justice pour Théo », en écho à « Justice pour Adama ».

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