Il a toujours été en campagne électorale. Voilà 35 ans que la vie de François Hollande se confond avec la politique. Alors, vivre la primaire par procuration, ne pas intervenir dans le débat de 2017, le président de la République française a bien du mal à se tenir à cette règle qu'il s'est lui-même fixée.
« Le temps, qui était sûrement dans l'histoire de notre République un élément de sagesse pour éviter les improvisations et les emportements, est devenu un signe d'impuissance politique et d'incompréhension pour les citoyens », observe le premier président ayant renoncé à se représenter à un second mandat sous la Ve République.
L’ex-premier secrétaire du Parti socialiste suit attentivement la campagne. Il sera devant son écran de télévision jeudi soir pour le premier débat de la primaire citoyenne, auquel cinq de ses ex-ministres participeront : Sylvia Pinel, Vincent Peillon, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, et le premier d'entre eux, Manuel Valls.
Le président spectateur n'a pas de favori
Ambivalent, François Hollande a d'ailleurs fait savoir, par l'intermédiaire de ses proches, qu'il était déçu face à la stratégie déployée par Manuel Valls depuis son départ de Matignon. Son ancien Premier ministre n'a pas réussi à s’imposer comme le candidat de l'évidence, du gouvernement et encore moins de la majorité.
Pointilliste, le président Hollande cherche toujours à peser dans les débats. Cette période des vœux ne doit donc surtout pas être confondue avec une tournée d'adieux. M. Hollande distribue à chaque discours quelques coups de griffe à la droite et à l'extrême droite, ses deux cibles privilégiées. A la première, il a opposé sa défense de la fonction publique notamment.
« Au nom d'une impatience qu'on peut parfois comprendre ou d'une rupture dont il faut toujours se garder, les propositions fleurissent pour justifier un recours aux ordonnances ou l'organisation de référendums », a-t-il par ailleurs attaqué. « Mieux vaut changer la procédure législative plutôt que de se lancer dans ce type d'initiatives », plaide-t-il.
Macron pointé du doigt par son ex-patron
Et, nouveauté, François Hollande a parlé en creux d'Emmanuel Macron, ou plutôt d'une des thématiques phares portées par son ancien ministre de l'Economie. Clairement, François Hollande a critiqué certaines positions de son ex-conseiller sans jamais le nommer.
Evoquant la négociation sur la prochaine convention d'assurance chômage, il a en effet souligné que d'autres modèles étaient possibles, dont l'étatisation, qui reviendrait à en finir avec le « système fondé sur des cotisations assises sur les salaires et donc la fin d'une indemnisation sur les revenus antérieurs ». Or, « le paritarisme doit être prolongé », a-t-il lancé.
Selon le chef de l'Etat, « il est bon que les acteurs économiques et sociaux définissent pour eux-mêmes les règles, notamment sur la question de l'indemnisation du chômage ou l'incitation à la reprise d'activité ». La remarque visait bien M. Macron, qui souhaite supprimer notamment les cotisations chômage payées par les salariés, étendre le bénéfice des allocations chômage à l'ensemble des travailleurs et que l'Etat reprenne en main l'Unedic, actuellement gérée par les partenaires sociaux.
Mais le président n'a pas distribué le moindre bon point à quelque candidat que ce soit. Une ligne qu'il devrait, a priori, ne pas franchir.