France: hommage rendu aux victimes de l'Hyper Cacher, deux ans après l'attaque

C’était il y a deux ans. Le 9 janvier 2015, un jihadiste attaquait un supermarché cacher de la porte de Vincennes, à l’entrée de Paris, prenant des otages. Quatre hommes seront abattus par Amedy Coulibaly, qui perdra lui-même la vie. Dimanche 8 janvier 2017, une cérémonie d’hommage a été organisée pour les victimes, en présence du grand rabbin de France et du maire de la ville limitrophe de Saint-Mandé. Le patron et les employés du magasin y étaient. Un hommage est organisé ce lundi 9 janvier par le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).

Des clients pressés, le ballet de la circulation. Deux ans après l’attaque de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, entre la commune de Saint-Mandé et le XXe arrondissement de Paris, rien ne témoigne de l’horreur vécue début janvier 2015, relate notre envoyé spécial sur place, Stéphane Lagarde. Si la sécurité a été renforcée, elle est pour le moins discrète. Aucun policier n’est visible à l’horizon.

Scène de guerre aux portes de Paris

Il y a deux ans, le vendredi 9 janvier 2015, 48 heures après l’attaque contre l'équipe du journal Charlie Hebdo, il y a grande affluence à l'Hyper Cacher, à quelques heures du shabbat. Amedy Coulibaly, délinquant devenu islamiste radical en prison, fait irruption dans la supérette autour de 13 h, lourdement armé. Après avoir tué quatre personnes - trois clients et un jeune employé -, il se retranche avec des otages.

Plusieurs personnes, aidées par Lassana Bathily, jeune salarié malien de l'Hyper Cacher, parviennent à se cacher dans une chambre froide du magasin. Amedy Coulibaly finit par être abattu dans l'intervention musclée du Raid, dans le sillage de la mort des frères Kouachi en Picardie. A quelques mètres de l’entrée du magasin, un square est désormais rebaptisé « Jardin de la paix et de la fraternité ». Cinq oliviers ont été plantés, un symbole fort dans l'hiver parisien.

Patrick Baudoin, maire de Saint-Mandé, commune limitrophe de Paris au niveau de la porte de Vincennes, livre son sentiment face à l’attentat antisémite le plus meurtrier en France depuis 30 ans - avec celui de l’école juive de Toulouse en 2012. Cela s'est passé sous les yeux de ses administrés. « Bien sûr, dit-il, on ne peut pas oublier ces événements tragiques. L'Hyper Cacher a une adresse parisienne, mais il est ouvert sur la plus grande place de vie de la ville de Saint-Mandé. »

Le traumatisme reste bien présent

« C'est la place du marché, la place des commerces, la place du métro, la place où on se rencontre, où on fait des fêtes, explique Patrick Baudoin. Et tout d’un coup, il y a une scène de guerre, des personnes qui sont tuées parce qu’elles sont juives. Et il y a des personnes qui sont prises en otage parce qu’elles viennent faire leurs courses dans un magasin, parce que c’est leur magasin, c’est leur ville... »

« Nous sommes ici à Saint-Mandé pour nous souvenir de ces quatre personnes qui ont été assassinées lâchement, poursuit l'élu, des otages, et de toutes les victimes de ces actes barbares, de ces actes de terreur que nous subissons, hélas !, depuis quelque temps. Naturellement, c’est un traumatisme très important pour l’ensemble de la population, pour l’ensemble de la communauté juive, une fois de plus visée en 2015. »

Pour les rescapés, le traumatisme reste présent et douloureux. L’ancien gérant de l’établissement, blessé lors de l’attentat, a par exemple décidé de quitter la France et s’est installé avec sa famille en Israël. « Nous avons mis à Saint-Mandé dans les écoles, dans les collèges, dans les lycées, dans les crèches, pour le personnel, des psychologues pour essayer d’absorber ce moment violent. La cicatrice est là, on n’oublie pas », conclut Patrick Baudouin.

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