La façade est noircie, les agents de la police scientifique font leurs relevés à l’intérieur. Un cordon de sécurité interdit l’entrée du foyer de migrants travailleurs. Ils sont une cinquantaine à patienter devant, à se refaire le film de la nuit : « Il y a quelqu’un qui nous a réveillés : "Il y a le feu, il y a le feu". Mais on ne sait pas ce qui s’est passé exactement. »
Il est environ trois heures du matin dans la nuit de jeudi à vendredi. Sibille est réveillé par des cris, l’immeuble de six étages est évacué dans le désordre : « Encore heureux, on est tous venus par là. On a trouvé quelqu’un par terre. Ils ont dit : "Il y a le feu." On est passé par là, mais on ne peut pas passer. Pour aider les gens pour descendre, on ne peut pas. »
« Il n'y a pas eu d'alame »
Un corps gît par terre, celui de la personne qui a sauté du sixième étage pour échapper aux flammes et qui en est décédée. Deux autres sont grièvement blessées.
Un drame qui aurait pu être évité selon Ibrahima Diallo, qui vivait dans le foyer depuis cinq ans : « Il y avait tellement de fumée, on n’avait pas de visibilité. Et c’est moi qui aie tapé aux portes pour faire ouvrir les gens de mon étage, le 1er étage. J’ai fait de mon mieux pour réveiller les gens pour qu’ils sortent. Il n’y a pas eu d’alarme. C’est le problème, ça fait maintenant plus de six mois, on a félicité le maire et le préfet. Ils disent qu’ils vont faire le nécessaire. Ça n’a jamais été fait. »
Les centaines de personnes qui vivaient dans ce foyer ne savent pas encore où elles dormiront cette nuit. Une enquête judiciaire a été ouverte. Elle s'oriente vers une piste criminelle.