Au Palais de justice de Paris, Franck Alexandre
En pénétrant dans la salle d’audience quelques minutes avant le début de son procès, Christine Lagarde doit affronter une nuée de caméras et de photographes. La présidente du FMI reste impassible sous le crépitement des flashs, elle ne se dépare jamais d’un sourire crispé.
Tailleur strict, mains croisées, elle fait face à la cour composée de trois magistrats professionnels et douze parlementaires. En guise de préambule, elle veut dire le respect qu’elle a pour ces juges. Elle souligne aussi qu’elle a demandé au FMI de lever son immunité afin de venir s’expliquer. Puis elle s’interroge sur la nécessité de ce procès. « Je ne suis en rien coupable d’une négligence », « j’ai agi en conscience dans l’intérêt général », affirme-t-elle. L’ancienne ministre se dit choquée par l’agressivité du ton de l’arrêt de renvoi. « Ceux qui ont travaillé avec moi ne peuvent pas me reconnaître dans cet arrêt », dit-elle.
Sous le feu roulant des questions, Christine Lagarde fait face dans un premier temps, avec l’aplomb d’une professionnelle rompue à l’exercice. L’affaire Tapie, elle n’en savait pas grand-chose en arrivant à Bercy en 2007. A la tête d’un grand ministère de l’Economie, des Finances et de l’Emploi, elle s’occupait surtout des questions macroéconomiques, notamment de la crise monétaire, précise-t-elle.
L’affaire Tapie-Crédit Lyonnais était gérée par son directeur de cabinet, l’omniprésent Stéphane Richard. C’est lui qui gère les réunions à l’Elysée et l’informe de temps à autre. C’est lui, dit encore Christine Lagarde, qui évoque les neuf procédures qui n’aboutissent pas, les frais d’avocat qui coulent à flots. L’arbitrage vaut la peine d’être exploré. « Je ne m’oppose pas », assure Christine Lagarde.
Mais les juges s’interrogent sur le rôle très puissant de ce directeur de cabinet qui fait barrage à l’Agence des participations de l’Etat, très hostile à un arbitrage trop favorable aux époux Tapie. La patronne du FMI se crispe. « Je n’ai pas fait preuve de négligence », clame-t-elle. « Ai-je été abusée ? Avons-nous été plusieurs à avoir été abusés ? » s’interroge-t-elle en fin d’audience. Visiblement, Christine Lagarde ne veut pas être la seule à devoir rendre des comptes...